Après avoir évoqué la vie de Sœur Marie Cyprien le mois dernier, revenons à l’école Sainte Anne. À la rentrée de septembre 1945, l’école comptait deux classes avec plusieurs divisions, l’effectif augmentant, (94 élèves en 1946), il fut jugé nécessaire d’agrandir. L’association « La Providence », représentée par le recteur l’Abbé Le Lausque, fit l’achat, le 13 août 1946, d’un terrain d’une superficie de 743 m² 90 dcm² appartenant à M. et Mme André Lancelot demeurant au bourg de Caudan, et, une semaine plus tard, le 20 août 1946, d’une deuxième parcelle appartenant à M. et Mme Jean Marie Le Leslé demeurant également au bourg de Caudan...
Ces deux apports au terrain déjà existant firent de l’ensemble une bonne surface sur laquelle on pouvait construire ; la solution retenue fut de construire un bâtiment mitoyen à celui existant, avec salles de classe au rez-de-chaussée et logement à l’étage. Monsieur Baduel, architecte DPE, établit un plan, mais la première démarche fut d’obtenir un permis de construire.
Monsieur Caubert De Cléry, architecte départemental chargé de la reconstruction de la région lorientaise, répond à une lettre de rappel du recteur d’une manière peu encourageante : « vous savez que toute construction nouvelle est soumise à l’autorisation préalable du permis de bâtir ; or, ce service dépend de la reconstruction et l’on ne vous autorisera sûrement pas à faire une construction nouvelle alors que la reconstruction des bâtiments sinistrés n’est même pas autorisée. Je crois donc qu’il ne faut pas s’illusionner, et il est certain que si vous bâtissiez une école malgré l’interdiction, vous soulèveriez maintes protestations et probablement des sanctions sévères. Il vaut mieux s’abstenir pour éviter des difficultés… »
L’architecte fait le forcing près du recteur : « nous nous trouvons en face de tracasseries administratives, ne vous laissez pas décourager, vous n’êtes pas au bout de vos peines, mais vous en verrez la fin… ».
Le permis de construire sera établi le 21 avril 1947 ; le financement fut assuré par les paroissiens ; les travaux de déblaiement furent réalisés par des bénévoles (cultivateurs de Caudan venant pour la journée, à tour de rôle, avec cheval et charrette) ; à midi ils se retrouvaient pour le repas à la cantine de l’école Saint Joseph. Ces travaux étaient suivis par M. Le Cren de Kergoal.
En cette période d’après guerre, les approvisionnements connaissaient des difficultés, entre autres, pour les ardoises ; mais par un procédé vieux comme le monde, monsieur le recteur demanda à un député du Morbihan d’intervenir près du directeur du service central d’approvisionnement des écoles, qui répondit d’une manière favorable : « J’écris, par ce même courrier à Monsieur le recteur, et lui réserve une attribution sur mon contingent du 1er trimestre 1947… »
La construction put commencer et une nouvelle classe fut ouverte ; l’abbé Clovis Le Priol, directeur de 1945 à 1952 fut remplacé par l’abbé Désiré Le Picot qui durant dix ans remplit cette fonction, avant d’être nommé vicaire à Keryado. Monsieur Raphaël Taldir de Noyal Pontivy lui succéda, et, avec sa famille, occupa l’étage du nouveau bâtiment.
En septembre 1972, l’ensemble fit l’objet d’un prêt à titre gracieux à l’AEP (Association de l’Éducation Populaire) gestionnaire qui dut faire l’acquisition d’un ensemble modulable qui fut placé dans la cour côté ouest et qui permit l’ouverture de nouvelles classes.
La photo ci-contre représente la grotte des apparitions de Lourdes ; elle fut bâtie en 1954, sous la direction de l’abbé Le Picot. Les élèves devaient rechercher des grosses pierres que leurs parents transportèrent jusqu’à l’école, et des maçons bénévoles se chargèrent de la construction. Mais cette grotte devint plus tard un « repère » nocturne pour des jeunes qui ne s’y retrouvaient pas spécialement pour des dévotions !... et avec l’accord des parties concernées, elle fut détruite en juillet 2007.