L’avis de décès (ci-contre), paru dans la presse le mardi 18 janvier dernier interpella de nombreux caudanais(ses) ; sœur Alexandrine, en religion sœur Marie Cyprien, a en effet enseigné durant 21 ans à l’école Saint Joseph. Nous résumerons dans cet article le texte qui fut rédigé et lu par des religieuses de Ker Anna à l’occasion de ses obsèques...
C’est à Lanneufret dans le Finistère (arrondissement de Brest) qu’elle a vu le jour le 20 septembre 1913. À 9 ans, elle perd sa maman. Très jeune elle voulait déjà être « maîtresse et missionnaire » et à 14 ans, elle entre au juvénat, de là, au noviciat et elle fait profession le 17 mars 1932 ; elle a 19 ans ; titulaire du brevet elle peut enseigner et arrive à Caudan à la rentrée de la même année. Elle peut enseigner mais pas en habit de religieuse. En effet, depuis 1902, dans l’esprit de la future loi de 1905 instituant la séparation de l’Église et de l’État, les religieuses sont interdites d’enseignement ; elles trouvèrent une échappatoire en revêtant la tenue civile et en se faisant appeler Mademoiselle !... (Cette mesure fut annulée en 1942 sous le gouvernement du Maréchal Pétain).
Mademoiselle Marie donc, restera à Caudan 21 ans (jusqu’en 1953) en responsabilité de la classe enfantine. Que de Caudanaises auront appris à lire grâce à elle ! En même temps, elle se mit au service de la liturgie, donna des cours de gymnastique, organisa des sorties en plein air, créa des mouvements de jeunes. Elle fonda une chorale qui peu à peu acquit un rayonnement dans les alentours.
Sœur Marie restera à Caudan durant les années de guerre et, comme les autres religieuses, elle force notre admiration : courageuse, disponible envers les plus nécessiteux, bravant les dangers, attentive à ses « chers petits », son nom est souvent cité dans les mémoires de guerre rédigées par l’une d’entre elles.
Sœur Marie avait souhaité être aussi « missionnaire » ; en 1954, les responsables de la congrégation lancent un appel à la disponibilité pour un départ possible vers l’Afrique (au Cameroun) ; Marie se porte volontaire et son rêve va devenir réalité : avec quatre autre sœurs elle embarque à destination de Doukoula via le port de Douala. Tout est à structurer, à découvrir, à connaître… La communauté se met au travail, ouvre un dispensaire, une école. Marie est envoyée à Yagoua pour fonder une nouvelle communauté, revient à Doukoula et, en 1970, elle est appelée à fonder une autre communauté à Touloum. En 1984, soit après 30 années, Marie quitte définitivement l’Afrique non sans un serrement de cœur, mais sa foi lui dit que ce qu’elle a semé, d’autres le moissonneront, aussi quelle ne fut sa joie lorsque la première novice Camerounaise prononça ses vœux à Maroua, suivie depuis par de nombreuses autres qui ont tenu, lors d’un séjour en France, à lui dire leur gratitude, elle qui fut à l’origine de la naissance de la congrégation dans ce pays qui la fera toujours vibrer jusqu’à son dernier jour, le 17 janvier 2011. Elle aura bien mérité qu’on pense un instant à elle !... Elle figure (assise) sur la photo ci-dessus prise il y a deux ans à Ker Anna (pour ses 95 ans !...).