Pour clore cette série d’articles concernant les religieuses durant la dernière guerre, nous évoquerons leurs dernières années passées dans notre paroisse et les évènements les plus marquants. Tout d’abord la reconnaissance officielle de leur dévouement et de leur courage durant la guerre : c’est le Président Vincent Auriol qui lors de son passage à Caudan le 23 avril 1950 décora sœur Hélène de la Légion d’honneur...
Depuis 1947, elle faisait partie du Conseil municipal (Monsieur Louis Le Léannec étant maire), elle y restera jusqu’aux élections de 1971 où elle se retira. Elle participa à l’élection des sénateurs et fut probablement la seule religieuse de France à être désignée comme « grand électeur »… Durant tous ses mandats elle accueillait avec douceur et bonté tous ceux qui venaient solliciter soit un conseil, soit un service, elle était devenue la confidente des familles de la commune (témoignages de ceux qui l’ont connue…). Née à Sulniac, dans le canton d’Elven en 1897, elle arriva à Caudan le 12 avril 1923, désignée le matin même de la prononciation de ses vœux, elle y restera 52 ans ; elle a bien méritée de la reconnaissance des Caudanais ! Elle se retira non sans regrets, à la maison de retraite de Ker Anna en 1975 où elle décédait dans la nuit du 30 au 31 décembre 1978. La cérémonie de ses obsèques eut lieu le 2 janvier 1979, à laquelle participa une foule de Caudanais ; Monsieur Le Ravallec, maire, prononça un discours de circonstance et apporta en public « l’hommage ému et sincère de la municipalité ». La cérémonie religieuse était présidée par le recteur Louis Le Corvec qui rappela une de ses dernières paroles :
« Nous ne sommes que des serviteurs, disait-elle,
quand Dieu se sert de nous pour plus de charité, de joie, d’espérance, c’est à nous de le remercier !... »
En 1952, c’est le centenaire de la communauté, et la bénédiction des nouveaux bâtiments du pensionnat ; cette fête fut présidée le 29 juin par Monseigneur Le Bellec, évêque de Vannes, la directrice de l’école étant sœur Marthe de Jésus ; à cette occasion, Monsieur le Sénateur Maire épingla sur la poitrine de sœur Marie l’insigne d’Officier d’Académie que lui ont mérité les services rendus aux œuvres scolaires et remit à sœur François, monitrice du cours ménager, la croix de Chevalier du mérite agricole.
Les religieuses suscitent et animent divers mouvements : Ames Vaillantes, Croisade eucharistique, JEC (Jeunesse Étudiante Chrétienne), JAC (Jeunesse Agricole Catholique), et se prêtent aux rencontres avec des dirigeants ACO (Action Catholique Ouvrière) pour une meilleure connaissance réciproque.
Puis vient l’heure du « détachement », signe des premiers départs. En 1971, c’est la passage de la direction de l’école aux laïcs ; les religieuses continuent d’occuper leur locaux qui appartiennent désormais à l’AEP (Association d’Éducation Populaire) : de propriétaires elles deviennent donc locataires ; la cohabitation devient difficile : dans le couloir où se trouvent les chambres des sœurs , il y a le bureau du Directeur, des salles communes… le 1er juillet 1973, elles décident de quitter, avec amertume, l’école St Joseph pour louer dans le privé, ce qui leur vaudra trois déménagements !...
En 1974, c’est le départ de sœur Agnès , au service de l’Église et de la chorale ; en 1977, c’est au tour de sœur Madeleine ; en 1984, Anne Marie Le Clainche part pour le Pérou et il n’en restera plus que deux, sœur Denise et soeur Jacqueline qui seront les dernières jusqu’en juillet 1982 ; sœur Denise avait beaucoup d’activités sur la paroisse et assurait des permanences à la Maison des Œuvres de Lorient, sœur Jacqueline était infirmière ; une petite fête fut organisée pour leur départ et la messe du dimanche célébrée à leur intention, les 6 et 7 juin 1982 ; nous n’oublierons pas deux « anciennes » Bernadette et Marie-Jo (toujours en activité) qui viennent parfois nous rendre visite…