A l’occasion des récentes fêtes de la Toussaint, auxquelles l’Eglise associe celle des défunts, nous avons eu l’occasion de nous rendre dans un, voire plusieurs cimetières, fleurir nos tombes et prier pour les défunts de notre famille. Ces traditions montrent notre attachement à ces lieux repérables que sont les cimetières ; ces lieux aident les proches « à ne pas garder le mort pour eux seuls » (C. Biot).
Chaque cimetière a son histoire, intéressons-nous à celui de notre commune....
Autrefois, c’était en général autour de l’église paroissiale que l’on trouvait les cimetières ; cet ensemble était protégé par un enclos, plus ou moins riche suivant les régions (ceinture Léonarde, pays Vannetais). « Etre dans l’enclos, c’est trouver un recours, ne plus craindre les profanations, trouver consolation. Face à la ville aux activités marchandes, aux ruses d’un voisinage pas toujours complaisant, l’enclos se présente comme un havre de paix et de convivialité. Il apporte à ceux qui le franchissent sécurité intérieure, réconfort et certitude de ne plus être seuls… » (A. Vircondelet, Les Enclos Paroissiaux).
A Caudan, le cimetière se trouvait entre l’église et un mur d’enclos, modeste peut-être, mais qui en fixait bien les limites. Cette configuration se retrouve encore dans certaines communes (Calan par exemple, proche de chez nous...)
Le 14 mai 1860, Monsieur le Maire prévoyait une translation du cimetière et proposait de mettre de côté l’excédent de l’exercice (3000 francs) à cet effet. Le 19 avril 1861 le conseil municipal déclara à l’unanimité qu’il y avait urgence et nomma une commission chargée de rechercher un terrain et de s’entendre avec le propriétaire ; à la fin de la même année, la commune acheta un terrain à Mr Jacques Penvern de Caudan, pour la somme de 4000 francs. Une enveloppe de 400 francs fut votée pour l’extraction de pierres nécessaires aux clôtures et travaux de maçonnerie, fourniture de chaux ; « quant aux transports de moellons, sable, ils seront effectués gratuitement par les habitants… »
L’année suivante le cimetière était fonctionnel, et ce fut l’inauguration. Deux plaques figurent à l’entrée du cimetière (il faut s’en rapprocher pour les lire…) : celle de gauche, la profane, mentionne l’achat, la municipalité de l’époque : Mr le Maire Bruyère, les adjoints, conseillers... Celle de droite est consacrée à l’événement religieux, la bénédiction par Mgr Dubreuil, Mr Perron, recteur, les trois vicaires…
« L’étendue du cimetière et la moyenne des décès de notre commune, note le conseil municipal, permet d’affecter une partie du terrain pour sépultures particulières » et il fixa des concessions perpétuelles, trentenaires et temporaires ; le sous-préfet de Lorient jugea insuffisant le prix de 90 francs pour la concession perpétuelle « eu égard à l’aisance des habitants de Caudan ». Le conseil réagit vivement et lui répondit que « si Caudan était riche en étendue, il n’y avait qu’une dizaine de familles assez riches et jouissant d’assez d’aisance pour pouvoir se permettre une concession perpétuelle ; 90 francs, ça suffit…)
La partie du cimetière actuel où est implantée la salle mortuaire, fut acquise et aménagée plus tard ; elle fut inaugurée et bénie le 9 septembre 1988.
L’ancien cimetière resta en l’état, et en 1960 lorsque l’on construisit la nouvelle église il fallut effectuer des fouilles et les pelleteuses mirent à jour de nombreux ossements qui suivirent, malgré les interventions du recteur l’abbé Lancelot, les autres déblais du côté de Restendrezen et de Kergoff…
Le monument aux morts est resté plus longtemps à son emplacement initial, près de l’entrée de l’ancienne église ; lors de son passage à Caudan en 1950 Mr le Président de la République Vincent Auriol y déposa une gerbe, et ce n’est que quelques années plus tard qu’il fut transféré à sa place actuelle.