Dernièrement, nous apprenions par la presse, qu'un couple (homme et femme), tous deux âgés de 100 ans, partageaient encore leur vie. À Caudan nous ne sommes pas loin d'une telle situation : en effet, Joséphine et Joseph Le Priol sont tous les deux (ou tout près de l'être) dans leur 98ème année. Ils vivent ensemble dans la maison natale de Joséphine au village du Moustoir. Joséphine que nous appellerons Nénette, car c'est sous ce prénom qu'elle a sa place parmi nous, est née dans cette maison le 12 mars 1923 et Joseph, lui, est né à Baud le 6 décembre 1922.

Nénette a eu deux sœurs. Après ses études primaires à l'école Saint-Joseph tenue par les religieuses du Saint-Esprit, elle aurait bien voulu poursuivre, mais « pas d'histoire, pas de différence avec ses sœurs, avaient décrété ses parents, l'école ménagère comme les autres ». Dans son proche entourage, on se demandait si Nénette songeait au mariage ; ses deux sœurs avaient déjà franchi le pas, dont l'une dès ses dix-huit ans. Engagée dans différents mouvements d'Action Catholique, elle avait bien eu l'occasion de connaître quelqu'un à Vannes, mais non, ce « n’était pas celui-là ! », le temps passait et ce fut Joseph l'heureux élu !

Ce dernier avait une sœur et deux frères, dont l'un, Clovis, fut vicaire-instituteur à l'école Sainte-Anne de 1945 à 1952. Il eut une grande influence sur la destinée de son frère... Le 23 avril 1950, le Président de la République, Vincent Auriol, était l'invité de notre commune, et à cette occasion le cercle celtique de Baud, dans lequel Joseph jouait du biniou, participait à la fête. Ce même cercle fut par ailleurs souvent invité (par Clovis ?) à l'occasion des kermesses paroissiales. Nénette était l'incontournable responsable du stand des gâteaux, occasion rêvée pour notre joueur de biniou de faire connaissance !

Dans sa ferme familiale de Baud, Joseph se sentait un peu à l'étroit et il en chercha une à louer. Là encore, c'est (probablement) Clovis qui lui proposa celle du Moustoir. Marché rapidement conclu : la ferme et la fille avec ! Et c'est ainsi que le 3 mars 1951, le mariage de Nénette et de Joseph fut célébré et béni par Clovis dans la baraque-chapelle de l'époque. Un an plus tard, Joseph prit la direction de la ferme tout en gardant ses beaux-parents.

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Ils auront 8 enfants et, à ce jour, ils comptent 19 arrière-petits-enfants (ils sont 10 sur la photo). Ils aimaient beaucoup les jeunes. En plus des leurs, ils ont accueilli durant de nombreuses années d’autres enfants que leur proposait le Secours Catholique, issus de milieux défavorisés de la banlieue parisienne. On imagine aisément la cohabitation : éducation, habitudes totalement différentes, que d'anecdotes ! La ferme du Moustoir n'était pas les H.L.M ! Ce n'était plus les mêmes jeux ! Mais finalement, tout s'arrangeait et l'expérience était renouvelée l'année suivante. Cet accueil ne suffisait pas à Nénette ; ils prirent en plus des orphelins du pensionnat Saint-Michel de Priziac.

Engagés dans le domaine social, Nénette et Joseph l'ont été tout autant à la paroisse : J.A.C. (Jeunesse Agricole Catholique), accueil au presbytère, équipes liturgiques, chorale, Conseil Économique, espaces verts, kermesses, délégués de secteur... Joseph fut responsable, pendant dix ans, de l’équipe de foot de la « Garde du Menhir » qui plus tard fusionna avec celle de l'Amicale Laïque pour devenir « Caudan Sport ». Notons aussi à son actif, son rôle primordial dans l'A.D.M.R. (Aide à Domicile en Milieu Rural) locale actuelle. Sa création fut décidée au Moustoir. Un permanent de Vannes s'était déplacé, il fallait à tout prix créer ce service à Caudan. Après bien des hésitations, Joseph accepta d'assurer cette première responsabilité. Il trouva un couple pour l'aider : Marguerite et Jean Kérouanton. Ces derniers se déplaçaient pour savoir où il était urgent d'intervenir. Une aide-ménagère fut embauchée, Mlle Le Gall de Languidic, qui vint habiter au bourg. On connaît la suite du développement de l’A.D.M.R. locale.

Disons-leur tout d’abord : Merci, pour cette vie de service, envers les leurs et envers leurs frères. Excellente année et rendez-vous dans deux ans. « Seul, on va plus vite mais à deux on va plus loin » nous dit le vieil adage...