L'abbé Daniel succéda à l'abbé Bissonnet le 2 avril 1903. Il venait de la paroisse de Pluvigner. Sa mission principale, spécifiée par son évêque, fut l'aboutissement du projet de construction de chapelles sur Lanester. Ce projet se concrétisait : les terrains avaient été offerts par Madame de Mauduit du Plessis et Mademoiselle Le Goff de Kerfréhour. Des personnes généreuses avaient fait don de 75 000 francs pour cette réalisation, ainsi que d'une maison pour servir de « maison vicariale ». Ce premier projet prévoyait la construction d'une chapelle dans le secteur de Locunel...
Monsieur Kerdavid, maire, y était réticent parce que son quartier de Kerentrech était totalement oublié ; il était, lui, pour deux chapelles, une aux chantiers (Le Plessis) et l'autre à Kerentrech (Le Pont). Il offrit à son tour un terrain sur son secteur. Il y avait donc deux projets, chacun avait ses détracteurs. Pour essayer d'arranger tout le monde, on en trouva un troisième : la construction d'une chapelle près du nouveau cimetière de Lanester (l'actuel), située entre les deux, mais là encore, il y eut des mécontents, « trop éloignée des deux centres importants, elle ne pouvait avoir d'autre mérite que de servir de chapelle mortuaire et éviter la course de Locunel (où avaient lieu les cérémonies) à l'occasion des enterrements ».
Monseigneur Latilleule (évêque de Vannes 1898-1903) vint lui-même visiter ce dernier emplacement et « le brave Évêque avait tellement à cœur le salut des âmes de ces malheureux ouvriers qu'il finit par donner son approbation à ce projet ». Il y consacra lui-même 10 000 francs. Mais un peu plus tard, sous diverses pressions, il revint sur sa décision et exigea la construction de deux chapelles. Le terrain cédé par Monsieur Kerdavid avait entretemps été utilisé à de nouvelles constructions, mais Monsieur Guyeisse, magistrat, en céda un autre dans le quartier de Kerentrech.
Au décès de l'abbé Bissonnet, c'est le curé archiprêtre de Lorient, l'abbé Duparc (le futur évêque) qui prit l'affaire en mains. Il obtint rapidement des promesses de dons : 120 000 francs pour la chapelle des chantiers, 50 000 pour celle de Kerentrech (Madame De Maudit, Mademoiselle Le Goff, le conseil municipal, la Marquise De Polignac…). Les plans et le devis furent confiés à Monsieur Caubert de Vannes. Le conseil de fabrique donna son accord. Le recteur, l'abbé Daniel n'eut plus qu'à réunir toutes les pièces du dossier qu'il fallait maintenant présenter au Conseil municipal. Mais, « un grand malheur arriva, Monsieur Kerdavid maire de Caudan décédait subitement et cet avis favorable qu'il était si facile d'obtenir de son vivant était remis en question ». Lors de sa session de mai 1903, le Conseil municipal « comme pour se venger d'avoir cédé à Monsieur Kerdavid, le déjugea et maintint un vote antérieur approuvant la construction d'une seule église, près du cimetière ». Monsieur Graindorge succéda à monsieur Kerdavid (juin 1903 - voir le tableau ci-contre)* et un second vote eut lieu ; le Conseil se partagea en deux fractions égales : 11 voix pour, 11 voix contre. Monsieur le Maire refusa de donner sa voix prépondérante et il fallut recourir à un autre scrutin. Entre temps Monsieur le recteur écrivit une lettre à tous les conseillers, ce fut en vain et « tous les esclaves du Comité radical-socialiste de Lorient votèrent contre le projet ; ce fut un vote sectaire (12 voix contre, 9 pour et 2 abstentions) et le mot d'ordre, parti des loges Lorientaises avait été fidèlement suivi au mépris des intérêts les plus vitaux de la paroisse de Caudan ».
Il s'en fallut de peu que les églises de Lanester deviennent en 1905 propriété de l'état (le décès subit du maire Monsieur Kerdavid ?), à moins qu'on ait volontairement attendu que Lanester devienne paroisse (août 1907) pour débuter la construction des deux églises actuelles ?
* Ce tableau affiché à la mairie a été réalisé par Monsieur Hafeneder en 2001 à la demande de Monsieur Le Ravallec.