Après le décès de l'abbé Péron, l'abbé Texier fut nommé recteur de Caudan en 1866 ; comparé aux 53 ans de présence de son prédécesseur, il ne fit que passer dans sa paroisse, car il n'y resta que 6 mois. Natif de Saint Goustan, il venait de Brech où il avait exercé de longues années après avoir servi à Sainte Anne en tant que chapelain et professeur de musique. Dans ses fonctions de chapelain, il desservait une chapelle privée...
Agé de 56 ans à son arrivée à Caudan, maladif, fatigué, souffrant d'une vue déficiente, il n'accepta son poste qu'à contre cœur disait-on. Toutes ces contraintes achevèrent de ruiner sa santé déjà fragile et après six mois de rectorat, il mourut, « laissant derrière lui d'immenses regrets chez tous ceux qui avaient pu l'approcher, le connaître et l'aimer ».
Missionnaire émérite, il était excellent orateur et durant les missions et retraites à Caudan ou dans les paroisses environnantes, on lui confiait « le dialogue sur le Décalogue, et là, le Père brillait. Sa doctrine était solide, sa faconde incroyable ; ajoutez à cela un choix d'histoires dites avec un brio sans égal et à toutes ses conférences, le public ne dormait pas ; une heure, deux heures passaient toujours trop rapidement au gré des auditeurs... ».
Cinq années auparavant, en 1861, Monseigneur Dubreuil fut nommé au siège épiscopal de Vannes ; évêque de l'empire, Gallican et Bonapartiste, dévot à Napoléon III, il croyait qu'il fallait se montrer en tout, dévot à l'empereur. Le diocèse où il arrivait était foncièrement attaché aux idées romaines. Monseigneur aurait voulu concilier à Napoléon tous les opposants et c'est l'abbé Jaffré, supérieur du petit séminaire et représentant le mieux écouté de ces opposants qu'il chercha tout d'abord à conquérir et même à soudoyer : « Vous n'avez qu'un mot à dire, et je me charge de votre avenir. Voulez-vous la croix ? Voulez-vous une mitre ?... » et sur un refus, il reprenait : « Vous ne voulez donc rien recevoir de l'empereur ? ». « Non, même pas un verre d'eau ! ». Il régnait dans le diocèse une atmosphère de surexcitation et de défiance mutuelle ; les élèves du petit séminaire de l'abbé Jaffré manifestèrent violemment contre l'évêché et, pour la plupart, ils rentrèrent dans leurs foyers ; l'établissement faillit être fermé. Au début de l'année 1864, Mgr Gazailhan fut nommé à Vannes en remplacement de Mgr Dubreuil et le 10 janvier de la même année, le nouveau supérieur du petit séminaire écrivait à son évêque : « grâce à la divine providence et à la protection de Sainte Anne, tout est rentré dans l'ordre les élèves ont repris leurs études ».
Notre abbé Texier, alors recteur de Brech, dut prendre part à cette polémique car « il s'était probablement élangué contre l'évêque impérialiste (Mgr Dubreuil), méridional à la tête chaude, absolument inféodé aux idées napoléoniennes », pratique très néfaste à l'époque... Les professeurs du petit séminaire furent chassés. Le Père Texier dut prendre leur défense en tant que voisin et ami. Dénoncé, appelé à Vannes, il fut nommé à Naizin, mais grâce à certaines influences il put rester à Brech d'où il fut plus tard transféré à Caudan.
« Ce brave Père a passé par la tribulation la plus amère et c'est sans doute ce qui a démoli de bonne heure ce tempérament vigoureux... ». Il fut inhumé dans la tombe que fit ériger son successeur au milieu de l'ancien cimetière (autour de l'ancienne église).