Dès ce premier bulletin de l’année 2015, nous vous proposons de relater le passage des différents recteurs de notre Paroisse depuis les renseignements que nous avons pu trouver dans les archives. À partir de 1456, nous connaissons leurs noms, dates d’arrivée et de départ...
Mais ce n’est qu’à partir de 1787 que ces renseignements seront plus complets et plus intéressants. Nous évoquerons aussi le contexte religieux dans lequel ils vivaient.
En 1787 donc, l’abbé Étienne Thomas natif de Carnac et curé de Sauzon « obtint au concours du 15 janvier la paroisse de Caudan, qui lui fut conférée en cour de Rome le 19 mars et dont il prit possession le 24 avril de la même année, à l’âge de 44 ans ». En 1790, après la révolution, il refusa de prêter le serment prescrit par la constitution civile du clergé. Le Directoire du district d’Hennebont, dont Caudan faisait partie, adressa au Directoire de Vannes la note suivante : « Cet abbé a caché longuement son fanatisme pendant toute la période révolutionnaire sous une apparente modération ; bon à éloigner aussitôt qu’il se pourra ». D’après la tradition, l’abbé Thomas demeura au village de Kerrousse* durant toutes ces années de persécution. Petit de taille, il réussissait à se déguiser en berger et à la faveur de ce déguisement, il lui était plus facile d’accomplir encore quelques-unes des fonctions de son ministère. Un prêtre constitutionnel, Jean-Marie Le Guillou, vicaire à Guidel fut nommé à sa place en 1792 ; mal accepté à Caudan il fut vite appelé « le prêtre du diable ». L’abbé Thomas, après avoir été arrêté, séquestré, et s’être échappé, reprit la tête de sa paroisse le 27 octobre 1802, après le concordat.
C’est sous son administration que la chapelle du Trescouët, vendue sous la révolution, fut rachetée par la fabrique. Nommé chanoine honoraire vers la fin de son rectorat, il dut donner sa démission pour raisons de santé en 1866. Il se retira à Cléguer le 15 octobre de la même année et fit don à la fabrique paroissiale : « d’une maison située au bourg de Caudan avec cour et toutes dépendances actuellement occupées par les religieuses des filles du Saint Esprit… d’un verger situé près le même bourg… de divers meubles et objets… » (l’ancien bâtiment de l’école Saint Joseph, cf. la photo ci-contre).Ce concordat était une convention passée entre le Saint-Siège et les états à religion Catholique. Elle stipulait que « l’Église Catholique Apostolique et Romaine sera librement exercée en France » et que « le gouvernement assurera un traitement convenable aux évêques et aux curés », assimilant ainsi les ministres du culte à des fonctionnaires ; mais après tant d’années perturbées, la reprise fut lente et difficile, les derniers prêtres exilés rentraient, quelques prêtres conventionnels renouaient avec Rome pour prendre place dans la nouvelle organisation. Monseigneur Antoine Meynaud de Pancemont était l’évêque de Vannes. L’abbé Thomas décéda le 3 juin 1813 à l’âge de 68 ans. Il fut remplacé par l’abbé Lomenech, natif de Ploemeur, qui ne fit que passer à Caudan car il fut remplacé la même année par l’abbé Péron natif de Ploemeur lui aussi. Par contre, celui-ci bat le record de longévité à la tête de la paroisse, car il y restera 53 ans. Les archives nous le décrivent comme « un théologien rude, infecté du venin du Jansénisme, encore malheureusement trop répandu dans le clergé de ce temps-là (c’était du reste l’enseignement du séminaire) ». L’abbé Péron mena rudement ses paroissiens, ne donnant l’absolution que rarement ; « on sent que cet esprit qui conduisait à la froideur et à l’indifférence est resté dans ce groupe. À part quelques exceptions, les gens de Caudan ne s’approchent que rarement des sacrements. Ils ont la foi, mais la piété leur fait défaut ; on serait porté à croire qu’à Caudan, la froideur est affaire de tempérament ».
Peu de temps après l’abbé Péron revint à Caudan pour y décéder.
* Le village de Kerrousse se situait là où se trouve actuellement le centre commercial « Géant Casino Les Deux Rivières » à Lanester