Ce fut au tour de l’abbé Alphonse Hétet de prendre possession de la paroisse de Caudan en décembre 1891. Il avait déjà connu plusieurs paroisses : Quiberon, Vannes, l’hôpital de Lorient, Merlevenez, Plescop. À son arrivée, « tout était bien en ordre, l’église convenable, les ornements et le linge suffisants » mais la croix et les chandeliers étaient trop ternes, il les fit dorer. Son premier et grand souci fut sa trésorerie. À l’époque, il avait trois vicaires qu’il devait payer, 1500 francs chacun, soit 4500 francs pour l’année ; sur un budget qu’il estimait à 7000 francs, il ne restait donc que 2500 francs pour entretenir l’église, le presbytère, l’école, les chapelles. Il ne mentionne pas son traitement personnel (il devait faire l’objet d’une comptabilité particulière !)...
Le temps était révolu où le clergé faisait des quêtes personnelles en frappant à la porte de ses paroissiens. Cette pratique avait fait l’objet de critiques, ainsi, en fin d’année 1868, quelques membres du Conseil municipal rappelèrent que ces quêtes étaient devenues impopulaires et n’étaient plus de leur temps. Pour les faire cesser, ils proposèrent d’allouer 300 francs annuels à chaque vicaire en plus de leur traitement soit en tout 900 francs. « Ces quêtes font murmurer et sont causes de plaintes et de propos malséants qui portent atteinte à la considération et à la dignité des prêtres ». Refus du Préfet. Monsieur le Maire proposa un vote au scrutin secret pour le maintien ou la suppression des quêtes : la majorité vota pour la suppression et alloua une somme annuelle de 500 francs à chaque vicaire ; accord du Préfet cette fois.
Quelques années plus tard, l’état supprima toute aide aux vicaires à certaines conditions : « Il est stupide ce gouvernement qui a enlevé leur mandat aux vicaires dans les paroisses où la population dépasse 5000 habitants ». Le dernier recensement de la commune comptait 7730 habitants, elle était donc concernée par cette mesure.
Notre recteur sollicita le conseil municipal pour « obtenir une subvention en remplacement, pour parer à toutes les exigences du service religieux dans une paroisse aussi étendue que celle de Caudan, ses vicaires sont dans l’obligation d’avoir un cheval et une voiture ». Cette question fut l’occasion d’un débat animé, et Monsieur le Maire (M. Guyomar) eut recours à un vote secret qui donna le résultat suivant : oui : 9 ; non : 9. Un deuxième vote fut donc nécessaire et cette fois le non l’emporta par 11 voix contre 7. La demande du recteur fut donc rejetée.
Outre ces questions matérielles son grand souci restait la pratique religieuse dans la partie sud de sa paroisse, le quartier des chantiers, il n’y avait qu’une petite chapelle (aujourd’hui disparue, elle se situait au bout de l’actuelle rue Kerdavid, perpendiculaire au bas de la rue Jean Jaurès). L’évêque en était conscient mais ne proposait pas de solution efficace, en réponse à une demande de l’abbé Hétet : « N’en doutez pas, je partage votre sollicitude à l’égard des habitants des Chantiers. En d’autres temps, il faudrait ériger ce quartier en paroisse. Tous nos efforts seraient bien inutiles en ce moment. Si nous pouvions y mettre deux prêtres à demeure, ils réussiraient peut être à bâtir une chapelle plus spacieuse. Où trouver une maison pour les loger ? Votre fabrique a-t-elle les moyens nécessaires à leur entretien ? Je bénis fraternellement le pasteur et le troupeau ». La seule solution était la séparation des deux paroisses.