Un établissement de réadaptation et de gériatrie vient de s’ouvrir au Toul Douar, à la limite des communes d’Hennebont et de Caudan. Il a été dénommé Centre Eudo de Kerlivio. C’est l’occasion de faire un retour dans le passé pour connaître l’origine de cette appellation. L’époque à laquelle nous nous réfèrerons se situe au 17ème siècle (années 1620-1700…)...
Caudan faisait alors partie de la sénéchaussée d’Hennebont et du doyenné de Kémenet-Héboé ou des bois, dont le siège était à Guidel ; ce n’est qu’en 1790 que Caudan fut érigé en commune du canton de Pont-Scorff et du district d’Hennebont et a reçu une portion du territoire de Saint Caradec (dont la chapelle du Trescouët).
La famille Eudo de Kerlivio était de « Hennebont en Bretagne, d’une famille ancienne et qui a eu des alliances fort considérables ». Dans un premier temps, intéressons-nous à François Eudo, époux d’Olive Guillemoto : « Ils étoient riches, vertueux et si charitables, qu’on attribue à leurs grandes aumônes les bénédictions que le ciel a répandues sur leurs enfans, ils en eurent quatre, trois garçons et une fille. Celle-cy mourut fort jeune. Le second fils entra dans l’ordre des Carmes. Le cadet nommé M. de Keronic a laissé un fils unique, conseiller au parlement de Bretagne ».
L’autre fils, Louis, que nous évoquerons ultérieurement, se fit religieux. Son père, François, n’approuva guère ce choix, tout au moins au début ; il souhaitait le voir réussir une autre brillante carrière, mais par la suite, « il fut tellement touché qu’il s’en rendit imitateur, il prit même son fils pour directeur & pour confesseur, luy ouvrant son cœur avec une simplicité d’enfant, & réglant par ses avis les exercices du piété et les œuvres de charité qui partageoient tout son temps, sa maison devint comme un hôpital ; on prit un valet exprès pour porter aux malades les bouillons & les médicaments, & une servante pour les préparer. Deux parentes, filles dévotes, étoient occupées à faire les chemises & les habits, & à les distribuer aux pauvres. Deux fois la semaine, on traitoit tous ceux qui se présentoient, & après le dîné on leur donnoit encore à chacun une petite aumône en argent. ». François et son fils ne vécurent pas longtemps ensemble, « la patience couronna toutes les vertus du père. Il souffrit avec un courage invincible de longues & très aigües douleurs de la pierre, & sentant la fin approcher, il fit une confession générale à son fils & reçut de sa main tous les sacrements. Dans cette extrémité la confiance que le père marquoit à son fils & les sentiments de dévotion que le fils inspiroit au père tiroient les larmes des assistants. Ce qui les toucha le plus fut la manière de testament que fit le mourant :
« Mon fils, dit-il, je ne fais point de testament dans les formes, parce que je suis assuré que tout ce que je vous laisse de bien, vous le donnerez aux pauvres & à l’Église »
« Jamais dernière volonté d’un père ne fut mieux exécutée par ses enfants ». Ce fils se trouvant héritier consacra presque tout son revenu aux bonnes œuvres : « il n’y a que Dieu qui conoisse tout le bien qu’il fit. On sait seulement qu’il acheva de bâtir l’hôpital de Hennebond, qu’il le meubla, qu’il y fonda l’entretien des deux sœurs de charité outre les deux que son père y avoit déjà fondées pour avoir soin des malades, qu’il donna une maison pour recevoir les pauvres orphelins & une somme d’argent pour leur faire apprendre des métiers ; qu’il faisoit subsister plusieurs familles que la honte empêchoit de déclarer leur nécessité.. »
C’est donc en hommage à la générosité de François Eudo de Kerlivio que ce nouveau centre gérontologique de Toul Douar porte ce nom.