Le nom de monsieur Yves Guillou revient souvent dans l’histoire de la reconstruction de Caudan : en plus de notre église, on lui doit en effet la poste et la mairie. Né à Plouézec (Côtes d’Armor) en 1915, il débuta ses études professionnelles à l’école des Beaux Arts à Rennes, puis à Paris à l’école supérieure. Le directeur de cette école fut destinataire d’une offre d’emploi émanant du génie rural du Morbihan ; seul breton de sa promotion Yves Guillou en fut le bénéficiaire et c’est ainsi qu’il devint morbihannais et on lui doit un nombre impressionnant d’édifices publics et de maisons particulières marquées par le concept du plain-pied, des toitures terrasses qui ont succédé aux maisons sans toit, dans un style qui inspire encore les dessinateurs d’aujourd’hui...
Durant ses études rennaises, Yves Guillou s’était lié d’amitié avec Francis Pellerin (1915-1998), un artiste qui obtint en 1944 le premier grand prix de Rome de sculpture. En 1948, il fut nommé professeur à l’école des beaux arts de Rennes.
Son activité créatrice va, entre autre, s’exercer grâce à un arrêté du 18 mai 1951, que le front populaire de Léon Blum de 1936 n’avait pu mettre en exécution du fait de la guerre : cet arrêté instituait l’obligation de consacrer 1 % de coût total de la construction d’un bâtiment scolaire et universitaire à des travaux de décoration. Yves Guillou fit tout naturellement appel à son ami Pellerin et continua, en dehors de ce contexte, à demander sa collaboration : on doit à cet artiste les plaques de ciment moulé sur la façade de notre mairie sur le thème : « on récolte ce que l’on a semé », elles représentent quatre tableaux de la vie familiale.
Mais où il a le plus exercé ses talents, c’est dans l’église : on lui doit d’abord le chemin de croix. Il réalisa cette œuvre une dizaine d’années avant l’édification de l’église et Yves Guillou fut tellement frappé de sa richesse qu’il dit à son ami : « Il faut que je lui trouve une place à ton chemin de la croix, il est tellement beau... » ; les personnages sont en bronze ; ils ont été passés à l’acide, aussi ont-ils perdu leur aspect du brillant et du neuf qu’ils auraient eu sans cette opération, pour être aujourd’hui d’une couleur tirant sur le vert pâle ; les quatorze stations sont posées sur une plaque de schiste et reçoivent un éclairage discret mais suffisant pour les mettre en valeur.
Ce chemin de croix choqua les non initiés, habitués aux traditionnelles stations en plâtre et hautes en couleur, mais messieurs Guillou et Pellerin sentaient derrière eux un soutien peut-être tacite mais réel des hautes autorités religieuses (en particulier de l’archevêque de Rennes, le cardinal Roques). Peut-être pour se réconcilier avec ses détracteurs, l’artiste va rester dans les traditions : il rénove la vieille formule d’apôtres accueillant les fidèles, en plaçant de part et d’autre de l’entrée de l’église douze figures de chêne, douze totems dont le visage est un masque de cuivre poli ; chaque apôtre porte un objet qui permet de le reconnaitre, (une clé, un bâton de foulon, une croix, une coquille…) suivant la tradition chrétienne .
On lui doit aussi les vitraux, en particulier ceux de la crypte qui sont surtout visibles de l’intérieur car la crypte est presque enterrée, et les fonds baptismaux dont certains paroissiens ignorent même peut-être l’existence, ils ont tellement peu été utilisés du fait de leur emplacement dans l’église.
Yves Guillou est décédé le 18 juillet 2004 et ses obsèques ont été célébrées à Vannes.
Du 12 au 19 novembre 2005, le comité d’architecture urbanisme et environnement, lui a consacré une exposition à la médiathèque de Caudan ; « De nombreux Morbihannais fréquentent et utilisent au quotidien sans le savoir les réalisations d’Yves Guillou », notait Hélène Statius Muller, historienne spécialisée en architecture, lors du vernissage de l’exposition.