Depuis le 12 avril 1962, notre église consacrée était ouverte au culte, mais durant l’année précédente, Caudan n’avait pas d’église ; en effet, le 5 avril 1961 avait commencé le déménagement du baraquement qui avait servi d’église paroissiale pendant plus de 10 ans ; il fut mis en vente un mois plus tôt, le 3 mai, par le service des domaines et vendu à un monsieur de Languidic au prix de 220 000 francs en vue de le transformer en un immense poulailler…
Un finistérien du nom de Donval aurait bien voulu l’acquérir pour en faire don à une paroisse de la banlieue parisienne démunie d’église (destination plus conforme !...) ; il proposait entre 600 et 700 000 francs, mais cette somme fut jugée insuffisante, compte tenu du démontage, remontage, réparations, transport, peinture… « Le million était nécessaire » note le recteur (les affaires sont les affaires...) et la baraque resta à l’acquéreur de Languidic qui finalement la revendit aux établissements Tocquin, ferrailleurs en gros de Lorient qui voulaient en faire une salle d’exposition-vente. Le démontage fut terminé le 19 avril 1961 sans le moindre incident et le 24 avril tout était enlevé.
Le recteur avait lui aussi songé à l’acheter pour en faire une « salle d’œuvres », la partie centrale pouvant servir de salle de cinéma, mais la réalisation s’avéra impossible par décision des services de sécurité : « aucun commerce de cinéma ne peut s’installer dans un local provisoire en bois... ».
Il y eut donc ce battement d’une année sans église. Les religieuses prêtèrent un local pour au moins la messe du dimanche matin (l’étage de l’ancien bâtiment) et « Monsieur le maire avait eu l’amabilité de nous proposer la nouvelle salle des fêtes de la mairie et nous avons accepté d’en faire une chapelle de secours et la moitié de la salle du conseil nous sert de sacristie qui s’avère idéale pour cet hiver, nous y trouverons même le luxe et l’avantage du chauffage central… ».
La baraque église empiétait sur l’emplacement actuel de la sacristie dont les travaux purent débuter quand cet espace fut libéré ; et pour faire le souterrain qui relie la crypte à la route de Plouay, il fallut démonter le beffroi qui abritait les trois cloches, ce qui fut fait le 18 septembre 1961, mais il fallait trouver une place à ces dernières : « la chambre est prête ; elles deviendront un élément naturel de décoration car elles sont apparentes, mais la question est de savoir s’il faut y mettre quatre ou simplement trois pour réaliser quelques économies »
Monsieur le maire et monsieur Guillou avaient élaboré plusieurs plans et plusieurs versions : la cinquième n’en prévoyait que trois, pour cause de coût ; l’architecte défendait ses décorations, le chemin de croix. Le recteur jugeait les cloches plus utiles. Un nouveau beffroi fut dessiné par l’architecte, fabriqué par la maison Cornille de Villedieu Les Poêles, et monté en octobre. Les trois cloches y trouvèrent leur place, mais l’emplacement du bourdon restait vide (cette quatrième cloche arrivera plus tard). Toutes ces querelles eurent pour effet de priver la commune de cloches pendant un mois « On n’apprécie bien que ce que l’on perd, et les paroissiens se plaignent beaucoup de cette privation ».
Le 23 octobre, l’angélus « automatique » résonna dans le ciel caudanais, à la plus grande joie de tous (malgré quelques problèmes de compteur de courant force...). Quelque temps auparavant, des ouvriers spécialisés avaient fixé une croix surmontée d’un coq (en métal inoxydable) au sommet de la flèche de l’église, le tout pesant plus de 200 kilos (pas une mince affaire). Restait le paratonnerre qui fut installé en fin d’année.