En nous promenant dans notre belle campagne bretonne, il nous est sûrement arrivé de voir aux entrées de bourg, au croisement de routes secondaires, des croix, sans caractère particulier, mais portant la mention : « En souvenir de mission » et une date. Le fait d’avoir érigé de telles croix est une preuve de l’importance qu’avaient ces missions pour les paroissiens concernés...
C’est le père Le Nobletz qui fut à l’origine de cette pratique religieuse ; né à Plouguerneau (Léon) le 29 septembre 1577 dans une famille noble qui lui fit suivre des hautes études. Il refusa un poste qui lui convenait pour choisir de vivre dans la pauvreté. Tout dévoué à l’Évangile et à son enseignement, il parcourait la Bretagne et ses îles en prêchant la bonne nouvelle. Il fut souvent en butte à bien des épreuves de la part de ses proches, des « dévots », des « mondains » que sa conduite austère condamnait et qui le dénoncèrent aux évêques comme exalté et fanatique. Il mourut en 1652.
C’est le père Julien Maunoir qui prit sa suite et plus près de nous, monsieur « le grand vicaire de l’évêché de Vannes » Louis Eudes de Kerlivio, le Père Vincent Huby et Mademoiselle De Francheville (nous pourrons en parler plus tard).
C’est dans cet esprit de prédication de l’Évangile que l’on trouve la source de nos missions. La dernière qui eut lieu à Caudan date de 1951 ; elles avaient un caractère décennal, et aurait dû se dérouler en 1946, mais par suite des conséquences de la guerre, il ne fut pas possible de l’organiser à cette date. Il fallait d’abord trouver trois (en général) prédicateurs qui devaient posséder l’art de la communication, à l’occasion de leurs nombreux sermons… certains étaient connus pour le posséder plus que d’autres !...
L’abbé Le Lausque fit appel aux missionnaires de Sainte Anne d’Auray et les abbés Dréan, Le Mer, et Le Clanche furent chargés de venir à Caudan.
La mission dura trois semaines ; la première semaine, du 1er au 8 avril, fut consacrée aux enfants pour les préparer, en grande partie, au sacrement de confirmation qu’ils reçurent le lundi 9 avril. C’est l’évêque de Vannes, Monseigneur Bellec qui vint administrer ce sacrement à 140 jeunes Caudanais. La veille, le dimanche matin, ils firent leur communion de fin de mission.
La deuxième semaine, du 8 au 14 avril, fut la semaine de prédication en breton ; la participation fut moins importante que ne l’espérait le recteur.
La dernière semaine, du 15 au 22 avril, la prédication se fit en français, et l’assistance fut beaucoup plus nombreuse et plus régulière surtout. Pour faciliter la participation d’un plus grand nombre, des instructions avaient été programmées tous les soirs à 20 heures 30. « Un bon nombre, très variable chaque soir, a répondu, mais parmi ceux-ci beaucoup n’ont pas été jusqu’au bout » note le recteur… Il tenait une comptabilité de participation par le nombre de communions ! Ainsi la première semaine, 213 jeunes (79 garçons et 134 filles) reçurent la communion ; la deuxième semaine (Bretonne) 92 hommes et 245 femmes et la dernière semaine 219 hommes et 323 femmes communièrent. En rajoutant les malades (1 homme et 19 femmes) le résultat fut le suivant : 391 hommes, 721 femmes soit un total de 1112 communions… (façon originale de recenser ses fidèles !).
Conclusions du recteur : « Étant donné le chiffre de la population, il faut constater qu’il y a eu un grand nombre d’abstentions surtout parmi les hommes : certains ont assisté à quelques instructions mais n’ont pas été jusqu’au bout. De plus, les quartiers touchant à Notre Dame du Pont (Pendreff, Kerviec, Ty Pichon, Kerpont) ont très peu répondu aux convocations, ils fréquentent surtout Kerentrech Lanester. Ont-t-ils profité de « la mission en roulotte » donnée quelques temps auparavant ?... peut être. Il faudrait faire des réunions de quartier »…