La démolition de la chapelle de la Vraie Croix fut donc votée le 22 février 1908, et il fut décidé qu’il sera procédé par adjudication à la vente de matériaux provenant de sa démolition qui sera faite par les soins de l’adjudicataire ; en fin d’année, le 21 novembre 1908, aucun adjudicataire ne s’était présenté, mais M. Le Maire (M. Moüelo) déclara avoir reçu des demandes d’achat des Saints et de l’autel. M. Henrio demanda la parole pour protester contre « cette spéculation qui porte atteinte aux principes de nos ancêtres »…
Il est vrai que le fait de vendre des saints, un autel, un Christ, seraient-ils en plâtre, à un inconnu, des statues devant lesquelles on s’était agenouillé, on avait prié, déposé des fleurs peut-être, posa de gros problèmes de conscience et suscita des réactions indignées auprès de nombreux pratiquants.
Malgré tout, le conseil, « considérant que la toiture de la chapelle était en mauvais état et que par suite, les Saints et l’autel qui s’y trouvent ne sont plus à l’abri, vote la vente au profit de M. Bigot de Plouay, moyennant la somme de 120 francs, des cinq saints, du Christ, de l’autel et de deux anges… » Mais… attendons, car entre temps, Caudan s’est séparé de Lanester ; le 20 mai 1911 la vente est remise en délibéré en Conseil Municipal, qui émet un avis favorable « à la vente de la chapelle à la condition que la disjonction de la vente de la chapelle et des saints ne puisse se faire ».
Enfin, le 18 février 1912, la vente de la chapelle et des saints est réalisée ; elle aura rapporté 310 francs ; cette somme a été versée dans la caisse de Lanester « et il importe d’espérer le reversement dans la caisse de Caudan de la somme qui lui revient » note le Conseil ; le partage se fera dans les mêmes conditions qu’au moment de la séparation des deux communes, c'est-à-dire en tenant compte du nombre de feux de chacune d’elles. Il reviendra à Caudan 87,86 francs et à Lanester 222,14 francs, triste fin pour notre chapelle et ses saints !...
Le recteur (l’abbé Le Garrec) était bien attristé par la disparition de cet édifice sacré, mais surtout par l’indifférence de ses paroissiens qui, devant la fatalité laissèrent faire sans grande protestation, malgré ses nombreuses invitations. Pour notre recteur, « cette démolition était faite dans un esprit anti-religieux et aussi pour faire une cour de récréation à l’école laïque des filles située à côté »…..
Quant à la mairie située près la chapelle, elle fut endommagée durant les bombardements de 1943-1944. Son état de délabrement était tel qu’il fut également décidé de la détruire ; les services qu’elle abritait furent dans un premier temps transférés à Mané-Forn chez la famille Le Portz. Après un bref séjour à Plouay, elles revinrent à Caudan dans la maison de la famille Le Goulias sur la place actuelle. Après la libération, une baraque (photo ci-contre) fut construite près de l’emplacement de l’ancienne mairie (sur le terrain jouxtant la maison de Jeanne Le Costevec au 12 de la rue du Muguet), et abrita les services administratifs de la commune jusqu’en 1961, année de la construction de notre mairie actuelle.
La baraque fut par la suite occupée par la cantine municipale et les associations, entre autres la Garde du Menhir, jusqu’à sa démolition en 1995.