Nous sommes en juin 1944, les alliés ont débarqué en Normandie, mais la guerre n’est pas encore gagnée ; le 13 juin, au vu des évènements, les élèves sont en vacances, et le soir même, une escadrille Américaine est prise sous le feu de l’artillerie bien implantée à Manéhuellec : 13 aviateurs périssent dans leurs avions tombés à « Rest en Drezen », 2 parachutistes sont sauvés et faits prisonniers...
« 16 juillet, c’est un dimanche, grand émoi et grande tristesse à Caudan ! Après Vêpres, une troupe d’infanterie Allemande surgit au bourg et cerne de toutes parts les routes qui y conduisent. Ordre est donné aux hommes de se rendre immédiatement sur la place, de lever les bras en l’air, Monsieur le recteur Jeffrédo n’est pas excepté ; aussitôt la fouille commence ! Il faut à tout prix trouver des armes et des terroristes cachés dans la localité. Pendant ce temps d’autres grands diables d’Allemands fouillaient dans les maisons, ils fouillèrent aussi dans notre communauté et nous fûmes vraiment protégées car nous avions des habits de gendarmes et d’autres patriotes cachés dans nos armoires ; en fouillant, ils les trouvaient et nous passions simplement « au poteau » ou au camp de concentration ; Dieu fit bien les choses ! Il les aveugla dans leur recherche ». Rappelons que c’est à cette occasion que le jeune Le Bail fut tué dans le clocher, victime de l’aveuglement ennemi qui voyait des « terroristes » partout !
La communauté de Caudan ne resta pas à l’écart des mouvements de résistance, en particulier en la personne de la mère Supérieure sœur Armandine Joseph qui servit comme agent de liaison en faisant passer des messages aux différents groupes de patriotes cachés dans la région ; « Les agents venaient ici chercher leur mot de passe donné par les officiers. Nous avons aussi caché des gendarmes recherchés par la gestapo depuis le combat de Saint Marcel ; entre autres, le brigadier Pageot devenu capitaine dans la clandestinité. Il fut caché une quinzaine de jours dans une chambre de Kergoff. Nous lui faisions porter des vivres et de la lecture. Aux autres, cachés dans les landes et les bois, nous faisions aussi porter des vivres et du linge… Si jamais nos agissements avaient été découverts par les Allemands, nous passions un mauvais quart d’heure. Ce que Dieu garde est bien gardé ! »
Le 7 août, les Américains sont signalés au poteau rouge et le 8 ils sont au bourg. Monsieur le Maire, les Officiers viennent tout joyeux les accueillir. Hélas, cette joie sera de courte durée, une pluie d’obus tombe sur la place du bourg, provoquant la mort et les blessures de nombreuses personnes. Les gens, affolés, se replient dans l’abri bétonné où la vie devient intenable : les bébés enfermés dans cet air vicié, deviennent nerveux et les mamans sont archi-fatiguées à les tenir ! « il faut à tout prix évacuer ces enfants et leurs mères. On fait appel à la Croix-Rouge qui arrive aussitôt et sous le feu des tirs ennemis, on transporte le plus vite possible, les bébés et leurs mères, puis c’est au tour des vieillards… Durant toutes ces journées passées à l’abri nos sœurs rivalisèrent de courage et de dévouement, sœur Hélène Germain et sœur Saint François allèrent sous le feu de l’ennemi soigner les blessés à la campagne ou prendre des vieillards infirmes abandonnés dans leur maison. Mère Armandine se dépensa à secourir les gens enfermés dans l’abri : elle faisait apporter du lait (des fermes voisines entre autres…) aux bébés, du pain à ceux qui n’en avaient pas, elle s’exposait au tir en venant de l’abri à la cuisine de la maison mère ; impossible de raconter tous les actes héroïques accomplis par elle et « nos sœurs ».
Que d’actes de courage et de bravoure et c’est vraiment miracle qu’aucune de nos religieuses ne trouva la mort durant toute cette épreuve !