Nous sommes en 1908 ; le recteur Le Garrec a définitivement quitté son presbytère qui reste donc absolument vide ; il a un logement au bourg « où il se sent à l’étroit ».
Ce qu’il s’empresse de faire le 6 avril ; il informe Monsieur le Maire que ce montant lui paraît beaucoup trop élevé et que le seul moyen pratique pour arriver à une conclusion acceptable était l’adjudication.
Refus catégorique du conseil qui décide de faire quatre insertions dans le « Nouvelliste du Morbihan » pour trouver acquéreur ; les commentaires (chaque partie de son propre bord) vont bon train. Le 14 août, un conseiller, Mr Puzol, pense qu’il serait utile de demander au desservant le prix que son paroissien avait l’intention d’offrir ; un autre, Mr Henrio, de mettre l’adjudication à 10000 francs ; d’autres proposent 12 et 15000 francs et finalement, par 19 voix contre 2, le conseil fixe la mise à prix : 13500 francs et prie Mr le Préfet de vouloir bien autoriser l’adjudication. En plus du presbytère, figure la prairie au prix de 3000 francs.
L’administration territoriale, sans refuser l’autorisation, la retarde de plus en plus ; pour quelle raison ? Laissons l’abbé Le Garrec nous donner sa version (toute personnelle...) ; si on l’en croit, « les conseillers du nord de la commune, moitié chrétiens, moitié sectaires, voudraient faire traîner l’affaire en longueur jusqu’à la création de la section de Lanester en commune » (on y est presque) ; « si le presbytère est vendu avant cette échéance, le prix sera partagé entre la partie nord et la partie sud de la commune ; tandis que si on attend la séparation des deux communes, le presbytère demeurera la propriété de la commune du nord (Caudan) à l’exclusion de l’autre ».
« Et puis, il y a autre chose : nos bons conseillers paysans n’ont nullement l’intention de vendre l’immeuble ; ils désirent, bien au contraire, le conserver afin de pouvoir dicter leurs conditions au clergé et le maintenir ainsi dans leur dépendance ; ça, c’est le vieil esprit de Caudan » (et il cite d’anciens Maires et conseillers « autrefois mes amis, membres de la fabrique, anciens élèves de Sainte Anne… ») . Il va jusqu’à en donner les raisons : « c’est parce qu’ils ne peuvent pardonner aux prêtres leur supériorité intellectuelle et l’appui qu’ils trouvent dans les familles catholiques de la paroisse ».
Mai 1908 ; le premier dimanche du mois ont lieu les élections municipales ; « elles ont été très mauvaises religieusement parlant, note le recteur, pour la partie paysanne de la commune, c’est à dire la mienne, et relativement bonnes dans la partie ouvrière, c’est à dire Lanester et Kerentrech ; ce conseil reste composé de quelques radicaux sectaires, quelques socialistes libéraux, quelques paysans sournois et revendicatifs, et de quelques catholiques très décidés… »!…
Le temps passe ; la situation n’évolue pas et les relations clergé - municipalité non plus... Arrive l’époque de la communion (profession de foi, mai 1909). Le recteur « jette un peu d’huile sur le feu » ; il prévient la population et note qu’il est obligé de retarder (voire annuler) la célébration de la communion « parce que je n’avais pas de chambre à donner aux prédicateurs que je devais inviter ; ce qui, ajoute-t-il, est absolument vrai » ; il continue : « la population a très bien compris mes raisons et se demande pourquoi on laisse le presbytère inoccupé depuis plus d’un an au lieu de le donner aux prêtres ». On devine l’impact de cette démarche !...