Régulièrement, lors des cérémonies commémoratives pour nos compatriotes victimes des guerres, nous nous recueillons devant le monument aux morts érigé à leur intention ; y sont gravés 114 noms : 99 au titre de la guerre 14-18, 13 au titre de la guerre 39-45, 1 à celui de la guerre d’Indochine, et 1 à celui de la guerre d’Algérie. Ce monument a son histoire...
Le 22 Juin 1919 le Conseil Municipal décida d’élever un monument aux morts : « il se fera par souscription et la commune entière y participera selon ses moyens ».
Une fois le principe admis, il fallu déterminer son emplacement ; Mr Héno (conseiller) proposa de demander au Préfet l’autorisation de prendre dans le cimetière (ancien) l’emplacement nécessaire à sa construction. Le conseil laissa le choix à Mr Héno, mais insista pour que cet emplacement soit à « une place digne du sacrifice des héros… ».
Le conseil demanda à Mr Caro, architecte, de préparer plan et devis d’un monument entre 8 et 10 000 francs, à fin de le comparer au monument proposé par Mr Duroche qui avait conçu celui d’Hennebont.
La souscription s’éleva à 1 800 francs, le reliquat serait bien sûr payé par la commune, soit 8 048 francs pour une première estimation.
Le 3 juillet 1921, soit deux années après la décision initiale, les Caudanais commençaient à s’impatienter du retard pris par toutes les tracasseries administratives et autres qui retardaient le début des travaux et Mr Corbière faisait remarquer « qu’il serait regrettable que la commune de Caudan soit la dernière à manifester sa reconnaissance à ses héros » et il proposa au conseil d’émettre le vœu suivant : « Le Conseil Municipal de Caudan, réuni le 3 juillet, invite Mrs Caro, Dutartre et l’architecte Mr Romanatxo de la manière la plus pressante à exécuter les travaux du monument aux morts dont les plans et devis sont acceptés depuis longtemps ; aucun retard ne doit plus être apporté dans l’exécution des travaux qui doivent être conduits à bonne fin et dans les plus brefs délais. A cet effet, il prie messieurs les architectes de mettre immédiatement ces travaux en adjudication… ».
Le 15 septembre 1921 Mr Lépinard proposa ses conditions pour exécuter le monument tel que le présentait le plan, balustrade comprise, soit 14 300 francs.
Le conseil accepta ces conditions. Le monument devra se faire avec la pierre de Gourin… « cette pierre donnant à son avis toute satisfaction, tant pour le présent que pour le futur... » (cette solidité fut mise à l’épreuve lors du dynamitage de l’église en août 44, le monument pourtant très proche n’ayant pas eu à en souffrir de trop).
Un an plus tard, l’inauguration fut à l’ordre du jour ; le 29 octobre 1922 les Députés et Sénateurs invités « considérant les mauvaises journées de l’hiver préféraient remettre aux vacances de Pâques l’inauguration du monument aux morts non encore terminé ».
Le 15 avril 1923, le programme de la journée fut établi (participation de sociétés de gymnastique, emplacement privilégié des pupilles de la nation et des orphelins…).
Le jour exact n’est pas mentionné mais l’inauguration eut lieu les derniers jours d’avril 1923, sous la présidence de Monsieur le ministre Rio, qui adressa le mois suivant une lettre à Monsieur le Maire, lui demandant « de prier messieurs les conseillers d’être ses interprètes auprès de leurs concitoyens et voisins pour leur exprimer l’impression heureuse qu’il a emportée de sa journée à Caudan… ».
Mr Rio (1873-1949) était natif de Carnac ; Député en 1921 c’est en qualité de Sous-secrétaire d’État aux ports, marine marchande et pêche qu’il fut invité à l’inauguration.
Le monument restera près de l’église jusqu’en 1960 ; le 16 octobre de cette année-là eut lieu la bénédiction de la première pierre de notre église actuelle et auparavant le monument fut démonté pierre par pierre et rebâti, conforme à l’original, là où il se trouve aujourd’hui, dans le cimetière. Lors du transfert, le mur du coin sud-est fut démoli pour faciliter la manutention et il fut envisagé de le laisser tel quel pour rendre le monument visible de la route mais finalement le mur fut refait (en regardant de près on devine les deux constructions).
De forme triangulaire, le monument possède trois faces identiques et dans la configuration actuelle, une seule est mise en valeur, les deux autres étant masquées par le mur ; un espace plus grand eut permis de mieux apprécier son architecture.