Les mois derniers, nous avions fait un retour au siècle dernier ; restons-y, et jetons un regard sur la façon dont nos aïeux vivaient les étapes importantes de leur vie chrétienne, et nous verrons ainsi l’évolution et les changements apportés depuis…

Baptème d'un nouveau-né

Le premier acte religieux était le baptême ; l’Eglise faisait obligation de baptiser le jour même de la naissance, dans la crainte que le nouveau-né ne fasse un séjour aux « limbes », « morceau d’enfer éternel », espace mythique réservé aux enfants morts sans baptême, ni élus ni damnés...

Notons que tout récemment (le 20 avril dernier), le Vatican a aboli ce mythe, article de foi terrifiant ; l’Eglise veut en finir «  avec des métaphores qui ne rendent plus adéquat le message d’espérance de la religion chrétienne ».

C’était  donc pour éviter ce séjour aux limbes qu’il fallait baptiser le plus tôt possible dès la naissance ; on imagine les problèmes en hiver, pour les familles éloignées, sans moyens de transport...

Dans les archives de St Barthélémy (Encyclopédie Benneton), on relève : « Les nouveau-nés que l’on portait à Baud pour recevoir le baptême étaient saisis de froid et passaient des fonts baptismaux à la tombe ; les parents les laissaient à Baud dans une maison particulière et revenaient le lendemain pour assister à leur enterrement… »

Cette façon que l’on qualifierait aujourd’hui de choquante et de désinvolte était tout à fait normale pour cette époque ; les familles nombreuses étaient majoritaires et il était reconnu et admis que tous les enfants ne survivent pas ; les mort-nés et les décès de tout jeunes étaient très nombreux.

Plus tard, le délai d’obligation de baptiser fut ramené à trois jours, mesure qui laissait un peu plus de temps pour se retourner... Le parrain et la marraine étaient des proches d’âge mûr ; il fallait les choisir bien avant la naissance, surtout la marraine car la tradition voulait qu’elle ne fut pas enceinte !...

Après le baptême, le père et le parrain distribuaient, à la sortie de l’église des dragées (ou de menues pièces de monnaie), à la volée, aux gamins du bourg qui étaient bien au courant de l’heure des baptêmes (ils avaient des copains parmi les enfants de chœur…). On sonnait les cloches sauf pour les enfants « illégitimes », nés avant six mois de mariage ou enfants de personnes donnant habituellement des divertissements contraires aux bonnes mœurs (bals par exemple, qui étaient sévèrement jugés par le clergé ; du haut de leur chaire les recteurs mettaient en garde les parents sur les risques qu’encourraient leurs enfants à fréquenter ce genre d’établissement…)

Thumbnail imageAprès le baptême, il fallait passer par la mairie pour la déclaration officielle, sans oublier bien sûr, les cafés du bourg avant de rejoindre la maman restée à la maison.

Celle-ci justement devait par la suite passer par les « relevailles », cérémonie qui se faisait à l’église pour une femme qui, après ses couches, venait se faire bénir par le prêtre en signe de purification et de reconnaissance envers Dieu. Cette cérémonie survécut jusqu’aux années 1950 et était fortement conseillée aux mères chrétiennes. Elle devait avoir lieu la semaine suivant la naissance et consistait en une confession et une bénédiction spéciale que recevait la maman, portant un cierge allumé. Le prêtre et la famille se retrouvaient ensuite pour partager le gâteau traditionnel…

N’oublions pas non plus l’ondoiement ; l’ondoiement est un baptême où seule l’ablution baptismale est faite sans les rites et les prières habituelles ; l’ondoiement est donné à un enfant en danger de mort et peut être pratiqué en dehors de l’Eglise ; autrefois certains enfants en danger étaient donc ondoyés, avec toujours en arrière-pensée, cette idée de salut, et cette urgence dans la crainte d’un séjour aux limbes…