En mai 1907 (un siècle…), la décision de scinder la Paroisse de Caudan en deux entités distinctes était imminente ; le clergé l’attendait, les fidèles aussi ; « depuis plus de trente ans, note le recteur, la question se pose tous les jours, d’une manière plus pressante ; mes prédécesseurs ont compris la nécessité de créer deux centres indépendants, mais aucun ne le désire plus que moi »...
L'entrée de notre église de Caudan est en partie couverte et on retrouve sur les murs nos douze apôtres. C'est Monsieur Pellerin, professeur des beaux arts et dont on a déjà eu l'occasion de parler, qui est le créateur de ces douze statues ; rappelons que cet artiste a aussi réalisé le chemin de croix, les vitraux de la crypte, les fonts baptismaux et la grande croix dominant le maître-autel.
Son chemin de croix lui avait valu plusieurs critiques du fait de l'originalité de cette œuvre. Pour, peut-être, se réconcilier avec ses détracteurs, il va rester dans les traditions et rénover cette vieille formule bretonne du cortège d'apôtres accueillant les fidèles, en plaçant de part et d'autre de l'entrée douze figures de chêne, douze totems dont le visage est un masque de cuivre poli ; original, il faut le reconnaître, mais tout à fait dans son style.
En effet, Pellerin écrivait à son ami Guillou en 1957 : "Je risque le paquet, j'abandonne la sculpture classique et figurative au bénéfice de reliefs colorés".
Pellerin était curieux de tout, et lors de ses voyages à l'intérieur de la Bretagne, il aimait visiter longuement églises, calvaires. Il fut particulièrement frappé par l'ossuaire de Sizun dans le Finistère Nord (photo) : cet ossuaire présente une originalité unique : il est le seul en effet à s'orner de statues des douze apôtres ; chacun d'entre eux porte un verset de credo et un attribut qui permet de le reconnaître (un instrument, un outil...).
Ces sont eux qui ont donné à Pellerin l'idée de les reproduire à Caudan dans un autre matériau (ceux de Sizun sont en granit, ceux de Caudan en bois) et un autre style propre à l'artiste (nous tenons ces renseignements de Monsieur Pellerin fils).
Approchons nous maintenant de nos apôtres et commençons par St Pierre (à gauche le Finistérien en granit et à droite celui de Caudan, en chêne) ; ils ont tous les deux un signe distinctif commun, une clé.
D'abord appelé Simon, Pierre était pêcheur ; il fut choisi comme disciple avec son frère André. Il était l'un des proches de Jésus qui le désigna comme la pierre de fondation de son Église : "Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église" (Mt 16, 18). En dépit de son amour sincère et de sa dévotion pour Jésus, il ne parvint pas toujours à le comprendre ; son courage l'abandonna après l'arrestation de Jésus et à trois reprises il le renia. Deux symboles sont associés à Pierre, la pierre et la clé (... du paradis bien sûr).