Au départ du chanoine Collet c'est l'abbé François Guyodo qui devient aumônier de la maison de retraite de Kergoff. Une rue de Caudan “rue Abbé Guyodo” gardera le souvenir de son passage chez nous. Cette rue mène de la rue Jean Moulin au foyer le Belvédère...
L'abbé Guyodo est né en 1915 à Saint Avé ; jeune étudiant il entre au séminaire et est ordonné prêtre en 1943, nous sommes en pleine période de résistance qui se fait de plus en plus pressante et active ; le jeune François Guyodo est vite attiré par le mouvement et rejoint les Forces Françaises de l'Intérieur. Jeune résistant il participe au combat de St Marcel, rappelons en brièvement l'histoire : St Marcel a abrité le plus grand maquis breton où s'est déroulé le 18 juin 1944 un combat mémorable ; avant même le débarquement en Normandie les parachutistes français du “Spécial Air Service” sautaient à Plumellec dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 et rejoignaient les deux mille cinq cents résistants bretons qui s'étaient rassemblés à St Marcel pour lutter contre l'occupant allemand.
Dans son livre “De Gaulle, mon père” son fils Philippe raconte cet événement ; le père et le fils sont ensemble en cette soirée du 5 juin, “je m'apprête à me retirer, raconte le fils, quand mon père, après un coup d'oeil à la pendule, le visage devenu grave, m'arrête et articule d'une voie sourde “ça y es” alors je l'interroge : “comment, ça y est ?” et il me répond : “le débarquement ! En ce moment notre deuxième régiment de parachutistes de l'air est en train de larguer ses premiers contingents sur les landes de St Marcel dans le Morbihan près de Vannes”.
Durant ce combat l'abbé Guyodo eut une conduite exemplaire, il célébrera une messe avant l'assaut allemand et il portât assistance à de nombreux blessés ; et c'est tout naturellement qu'en 1945 il devint aumônier militaire de la garnison de Vannes et du camp de Meucon, où il côtoya les parachutistes ; pour rester près de ses hommes il passa son brevet et pourtant l'évêque de l'époque voyait d'un mauvais oeil un de ses prêtres sauter en parachute ! En juillet 1947 c'est lui qui célébra la messe lors de la cérémonie de la pose de la première pierre au monument de la Nouette à St Marcel en présence du général De Gaulle.
Puis survint la guerre d'Indochine, il accompagne les paras et devient aumônier pour la zone sud, où il fut blessé ; il combat plus tard au Cambodge, puis c'est le retour en France. L'abbé Guyodo préfère le terrain aux états-majors et c'est tout naturellement qu'on le retrouve plus tard en Algérie, où son activité fut aussi débordante.
L'âge de la retraite (militaire...) va sonner pour notre aumônier ; Monseigneur Bellec le rappelle et le nomme vicaire à Languidic et plus tard à Grand-champ.
Puis il est nommé recteur de Ste Brigitte et plus tard de Camors. En 1973 le voici aumônier à la maison de Kergoff, où il exercera durant dix années ; il les consacrera au service des pensionnaires, à des visites à ses anciens compagnons d'armes, à des promenades. On le voyait aussi quelquefois sur la paroisse ; lors des absences de l'organiste (Mr Emile Guilloux) il était aux orgues, il célébrait les messes commémoratives. En 1983, il fut hospitalisé à l'hôpital maritime de Lorient, il ne souhaitait pas subir une opération et décédait le 8 juillet.
Ses obsèques solennelles eurent lieu à Meucon, l'église trop petite ne pouvait accueillir tout le monde et la cérémonie eut lieu sur le terrain municipal sous une chaleur torride (ceux qui y étaient s'en souviennent bien ...). Face à l'hôtel, son cercueil était recouvert du drapeau tricolore, du béret amarante de capitaine parachutiste et de ses nombreuses décorations : officier de la légion d'honneur, médaille de la résistance, croix de guerre 39-45, croix de guerre des TOE ; tout ceci méritait bien un nom de rue... Le corps de l'abbé Guyodo repose au cimetière de Meucon.