C'est lors d'une étape au Puy-en-Velay en octobre 1416 que Vincent Ferrier reçut une première invitation du Duc de Bretagne, Jean V, lui demandant de venir enseigner aux Bretons la foi catholique et rétablir la paix entre les partisans du roi de France et celui d'Angleterre. Nous étions en pleine guerre de cent ans, et c'est en 1417, après d'autres invitations pressantes, que finalement Vincent Ferrier se décide à faire route vers la Bretagne. En ce début du XVème siècle, les moyens de se déplacer sont rudimentaires, Vincent et ses compagnons vont à pied. Tout un cortège se déplace avec eux, de tous milieux sociaux, nobles, gens du peuple, riches et pauvres, prêtres, moines, malades en quête de guérison, flagellants torse nu. Aidé de son ânesse qui le porte à l'occasion, Vincent s'avance au milieu de tout ce monde, entouré de frères Dominicains. Quand on arrive en agglomération, le cortège s'arrête, Vincent entre dans l'église locale pour prier et réfléchir à ce qu'il dira à la population, puis il se retire dans une communauté religieuse pour se restaurer d'une manière très frugale et se reposer. Le lendemain, dès le lever du jour, il célèbre une messe solennelle comme il les aime avec de beaux chants, une belle musique et il commence sa prédication.
Vincent et son cortège arrivent à Vannes le 4 mars 1418. L’accueil et la première célébration se font le lendemain, 4ème dimanche de carême, sur la place des Lices. Une foule nombreuse s'est déplacée. Vincent célèbre une grand-messe sur une vaste estrade, décorée de riches draperies. Il prêche en Valencien, il parle, il parle... comme tout Espagnol, mais les Bretons le comprennent. Ses thèmes favoris seront toujours la fin du monde, la venue de l'Antéchrist et le jugement dernier. C'est l'occasion pour lui de découvrir la population Bretonne du Moyen-Âge : laborieuse, pauvre, religieuse, attachée aux superstitions et livrée à toutes sortes de désordres moraux. Vincent reste à Vannes 23 jours, il prêche, rend visite, impose les mains et guérit quelques malades. Il repart le 29 mars, mardi de Pâques. Suivons-le dans son périple Breton : il remonte vers le nord, Theix, Muzillac, et arrive à Rennes où plus de 30 000 personnes sont venues l'entendre. Il va tenter de négocier une paix en rencontrant le roi d'Angleterre Henri V à Caen, mais en vain. Retour en Bretagne par Avranches et Dol, Dinan. L'évêque de Saint-Brieuc accueille le saint homme et veut l'obliger à se reposer une dizaine de jours mais Vincent continue : Guingamp, Tréguier, Morlaix, Saint-Pol-de-Léon puis descend jusqu'à Quimper, Concarneau. De là il se dirige vers l'Est, Quimperlé, Hennebont (pourquoi pas Caudan, c'est sur la route, mais il n'y a pas de traces dans les archives). Il remonte un peu vers l'intérieur, à Guémené à l'invitation du vicomte de Rohanpuis à Josselin. Quittons un instant Vincent, usé et fatigué.
Son parcours ressemble étrangement, ville par ville, à celui du Tro Breiz actuel, les sept saints fondateurs de la Bretagne furent visités : St Samson à Dol, St Malo, St Brieuc, St Tugdual à Tréguier, St Pol Aurélien, St Corentin à Quimper et St Patern à Vannes. Vincent fut le précurseur de cette marche de 700 kilomètres. Suivant la légende, tout Breton qui l'accomplit est certain de gagner son paradis ! (Il n'est pas trop tard pour s'inscrire, l'édition 2018, Saint-Brieuc à Tréguier, débute le 30 juillet)... (à suivre : mort, vénération à Saint Vincent)