Après la destruction de l'église paroissiale le 11 août 1944, il ne restait plus que nos deux chapelles, celle du Trescouët et celle du Nelhouët. Elles avaient été relativement épargnées durant ces années de guerre, par contre elles manquaient de travaux d'entretien. Malgré tout, elles purent être utilisées pour le culte de la paroisse. Les messes dominicales furent principalement célébrées au Trescouët pour les paroissiens restés chez eux mais aussi pour les hommes en garnison dans le secteur, Français comme Américains. « À la suite d'une démarche faite près des Américains, j'ai la satisfaction de pouvoir vous annoncer qu'on m'a fait la promesse de ne pas mettre en action les canons de la batterie la plus proche de la chapelle tous les matins du dimanche avant que les messes ne soient totalement terminées, sauf évidemment en cas d'absolue nécessité » (annonce faite par l'abbé Jeffredo au prône du 17 décembre 1944)...
Même sans église, il fallait administrer les sacrements. La dernière célébration qui s'y déroula eut lieu le samedi 5 août 1944 : le baptême, d'apparemment deux jumeaux, Robert-Marie Toulliou et Marcel-Marie Toulliou, tous deux nés le 30 juillet à Kéroual (fils de René et d'Hélène Forner). Le dimanche 6 août, le recteur, l'abbé Le Bayon, annonçait du haut de sa chaire « Vendredi prochain 11 août à 7 heures 30 messe du Sacré-Cœur et bénédiction », on sait ce qu'il advint à cette heure-là... Le baptême suivant fut en fait un ondoiement (ablution d'eau accompagnées de paroles sacramentelles), les saintes huiles avaient disparu lors de la destruction de l'église ; comme on peut le voir, (acte ci-dessous), c'est l'abbé Clovis Le Priol qui administra le supplément le 31 août à la chapelle. Certains baptêmes furent administrés à domicile, en particulier quand la vie du bébé était en danger.
Il y eut aussi bien sûr quelques décès : le 8 novembre 1944 un enfant, Pierre Bolay, âgé de six ans, fut victime d'un bombardement à Saint Sulan (où était réfugiée la communauté religieuse). La cérémonie d'obsèques se déroula en la chapelle du Trescouët et l'inhumation à Inzinzac. Trois jours plus tard Mme Cécile Falquérho de Mané Forn décédait. La cérémonie eut également lieu en cette chapelle et l'inhumation en son alentour immédiat. À la libération son corps fut exhumé et placé au cimetière municipal. Il en fut de même pour M. Joseph Le Cren de Lamohic, décédé lui aussi accidentellement, de Joseph Guigo de Kernivinen... D'autres corps furent ainsi exhumés dont ceux des personnes décédées dans les communes d'adoption environnantes. Pour les membres de la famille Kerlau sauvagement tués par les Allemands en août 1944, le transfert au cimetière eut lieu le 24 juillet. Cette préférence d'avoir attendu la libération pour effectuer cette démarche s'explique par le manque de moyens matériels et surtout par sécurité. En cette occasion, les tombes étaient bénies.
Le 8 mai 1945, la fête de la Victoire marqua la fin de ces cinq années de guerre, qui, comme on le voit n'empêchèrent pas les Caudanais de pratiquer leur religion avec les « moyens du bord » !
Le mardi 7 août 1945 une première baraque chapelle montée à l'emplacement de l'actuel presbytère fut ouverte au culte.