« L’an IX de la République Française, le 15 du mois de pluviôse le conseil municipal s’est occupé des besoins particuliers de la commune ». Cette date correspond, en grégorien, au 15 février 1801, (Le calendrier Républicain fut utilisé durant quatorze ans, l’an I débutant le 1er vendémiaire, 22 septembre 1792). Deux questions importantes furent débattues lors de la réunion : « l’obtention du presbytaire et de ses dépendances et les réparations  nécessaires au temple pour l’exercice du culte »...

Il faut se rappeler que la révolution Française avait mis fin aux privilèges du clergé et avait nationalisé ses biens, donc l’église et le presbytère. Celui-ci était loué à  « malheureux journalier qui paye ou ne paye pas, laisse tout se dégrader et enfin tomber en perdition ». Le recteur de Caudan à  cette époque était un curé constitutionnel qui avait prêté le serment prescrit par le République. Il fut recteur du 9 septembre 1792 au 27 octobre 1802, il ne logeait  pas au presbytère mais « était à la merci de tel propriétaire qui veut lui donner un asile éloigné du bourg où on ne le trouve pas toujours lorsqu’on en a besoin ». Le conseil municipal souhaitait, pour ses réunions et pour entreposer ses dossiers, occuper ce «  ci-devant presbytaire ». car mentionnait-il, « il est indécent que la commune n’ait aucun autre local de délibérations et assemblées qu’une méchante chambre dans une maison particulière, ce qui devient incommode pour l’administration ainsi que pour le propriétaire de cette maison par le concours continuel de personnes qu’attire le commerce de boulangerie de ce dernier ». En même temps il demandait que le presbytère serve de logement au « ministre du culte que son esprit de douceur et de pacification rend cher à la commune ».

À cette demande d’autorisation au Sous-préfet, le conseil en ajouta une seconde, celle de réparer l’église communale qui était dans un état de dégradation tel qu’il  la rendait impraticable à l’exercice du culte. Le clergé exerçait ses fonctions dans une simple chapelle à l’entrée du bourg, la chapelle de croix, qui sera détruite en 1909.

Presbytere_dans_Caudan_1Le presbytère redevint donc la maison de fonction du recteur, et plus tard, propriété  de la paroisse. Le bâtiment faisait partie d’un ensemble, d’un « enclos fermé de murailles » avec un jardin, une petite prairie et « une petite maison couverte en paille  servant ci-devant d’écurie ». L’abbé Thomas l’occupa de 1802 (après le concordat) à 1813. Il avait déjà rempli cette fonction avant la révolution, mais, réfractaire, il dut s’exiler durant cette période de notre histoire. Il fut remplacé par l’abbé Lomenech qui ne fit que passer ; puis ce furent les abbés Perron (de 1813 à 1866, 53 ans, le record !), Texier (1866-1867) et Audo. Dès son arrivée à Caudan, ce dernier attira l’attention des autorités sur la vétusté de son presbytère : « Une commune de l’importance de Caudan doit avoir un presbytère  convenable et susceptible de loger au moins un recteur et trois vicaires ». Rappelons que la paroisse, dont Lanester n’était pas encore détaché, était très étendue et comptait plus de 7 000 habitants. À titre d’exemple, il y eut en 1867, 188 baptêmes et 171 sépultures, compte tenu de la forte mortalité enfantine. Il ajoutait : « le presbytère doit enfermer en outre, au moins deux chambres supplémentaires destinées à recevoir les ecclésiastiques de passage ou en visite qui ne peuvent décemment pas se rendre à l’auberge. Le presbytère actuel indépendamment de son état de délabrement , est loin de remplir ces conditions, sur les cinq chambres une seule est à feu  et trois qu’on pourrait qualifier de cabinet… tout est nu, délabré, je dirais presque inhabitable… »

Tout porte à croire qu’on donna suite à cette demande, puisque des factures conservées dans les archives datent de 1867 et 1868 : factures du menuisier Bizien, du peintre Morvan, du serrurier Guilloteau, du plâtrier Caldarine ; chose curieuse, pas de facture du gros œuvre. La bénédiction de ce presbytère rénové (voir photo) eut lieu le 3 avril 1869, et c’est l’évêque de Vannes lui-même, Jean-Marie Bécel (1866-1897) qui procéda à la bénédiction.