Le 10 août 1945 l’abbé Marcel Le Lausque est nommé recteur de Caudan par l’autorité Diocésaine. Il sortait de cinq années de captivité en Allemagne dans les stalags (camps de prisonniers réservés aux sous-officiers et aux soldats), et pour finir dans un oflag (camp réservé aux officiers). Il avait 45 ans ; vicaire instituteur à St Hélène après son ordination, il fut successivement vicaire à Ste Jeanne d’Arc de Lorient, à Pont-Scorff, et à St Louis de Lorient à la déclaration de guerre en 1939, et c’est le 14 août qu’il prit officiellement possession de son nouveau poste...
Son installation eut lieu 7 jours plus tard, le 21août ; accueilli « en grande pompe sous la direction du vicaire et du vicaire instituteur (les abbés Le Dé et Priol), la population Caudanaise a tenu à recevoir dignement son pasteur. Les rues étaient ornées de feuillages et de banderoles, un arc de triomphe avait été monté à l’entrée du bourg, près du cimetière »… Il était en effet coutume en Bretagne de recevoir ainsi les nouveaux recteurs. À Caudan, l’abbé Le Lausque fut le dernier à connaître un tel honneur, et le 26 août eut lieu la cérémonie religieuse d’installation dans la baraque chapelle provisoire, présidée par le Curé Archiprêtre de Lorient.
Que retiendrons-nous de marquant durant ses 12 années de ministère ? Ces années d’après guerre ont fortement marqué la population, le recteur n’a de cessé d’appeler ses paroissiens à des prières pour les sinistrés, les victimes civiles et militaires, les rapatriés malades, « ceux qui ne reviendront plus et leur famille en deuil ». Des pèlerinages à Saint Anne sont régulièrement organisés pour les prisonniers revenus au pays ; beaucoup d’entre eux le faisaient à pied, certains en famille.
En septembre 1945, la chapelle du Trescoët est fermée au culte par décision diocésaine et les offices ont lieu dans la chapelle (3 messes le dimanche : 7h30, 9h, et 10h30 et vêpres à 14 heures). En novembre 1946, l’église provisoire en bois, accordée par la reconstruction fut mise en chantier et sa bénédiction ainsi que celles de trois cloches (actuellement en service, le bourdon fut acquis plus tard) eut lieu le 30 mars 1947, jour des rameaux : « dès le matin, le soleil brilla, lumineux, dans un ciel d’azur à peine moucheté de nuages légers. Après une semaine de tempête et de pluie, celui-ci avait eu le temps, il est vrai, de faire toilette. Les Caudanais célébraient dans l’allégresse l’inauguration de leur église provisoire et de trois belles cloches refondues par M. Biard de Villedieu-les-Poêles » (La liberté du Morbihan).
C’était aussi l’époque des missions, des prédicateurs venaient de l’extérieur et ces missions s’étalaient avec plus ou moins de succès sur trois jours.
Une petite anecdote concernant la crèche de Noël : l’ancienne crèche avait été détruite dans la destruction de l’église et un des premiers achats du recteur fut une nouvelle série de personnages grâce à des dons personnels, des offrandes et le produit du tronc (le fameux petit ange qui remerciait en courbant la tête… ces personnages sont toujours là à part l’angelot qui a déserté le groupe !...).
La population dans ces années d’après guerre était d’environ 2000 habitants et on note bien-sûr une forte augmentation des baptêmes, une cinquantaine au minimum tous les ans pour environ vingt sépultures.
Un des chantiers important de l’abbé Le Lausque fut l’agrandissement de l’école St Anne, l’école des garçons ; devant le nombre important de nouveaux enfants à scolariser, cette école était devenue trop petite ; on en parlera dans un prochain article ; sur la photo jointe certains anciens se reconnaîtront ; les enseignants en tout cas sont toujours là ! À gauche, le directeur l’abbé Clovis Le Priol aujourd’hui retiré à St Joachim ; en bas à droite, assis, Eugène Harnois et derrière lui André Offrédo en retraite à Pont-Scorff.