Le mois dernier, Lanester fêtait en grande pompe ses 100 ans d’existence ; c’est en effet le 26 février 1909 qu’un décret instaura la nouvelle commune et par le fait même modifia celle de Caudan qui peut donc également fêter le centenaire de sa configuration actuelle. A l’époque, Caudan (ancien) comptait 9646 habitants, 2419 pour Caudan et 7227 pour Lanester.

Depuis 1907 les paroisses de Caudan et de Lanester avaient leur identité propre. Le recteur de Caudan souhaitait qu’il en fut de même pour les communes ; il voulait à tout prix se séparer du quartier de Lanester peu enclin, il faut le dire, à la pratique religieuse : « Quand verrons-nous la création de deux communes ? » s’interrogeait-il ; « comment y arriver avec tant de sectarisme et d’esprit antireligieux de la part des élus ?… il y a trop d’intérêts en jeu » répétait-il.

Anciens monument aux morts et église de CaudanMalgré tout, depuis 1905, des discussions étaient engagées au niveau de ces élus et de la population pour préparer cette séparation et le gros problème restait la définition des limites des deux communes. Les cinq conseillers du « bourg », c’est à dire de la partie rurale (le Caudan actuel), avaient dans un premier temps défini un tracé, sous réserve de le modifier suivant les remarques et réclamations des personnes directement concernées.

Une enquête prévue par la loi eut lieu en février de la même année ; « il résulte de cette enquête, conclut-elle, que les conseillers du bourg ont indiqué un tracé qui ne répond pas aux vœux de la population, en ce sens que ce tracé devrait être plus étendu et comprendre les quartiers de Saint-Nio et du Resto ; en effet les habitants de ces quartiers sont venus déclarer qu’ils voulaient rester attachés à la commune de Caudan et qu’ils ne voulaient surtout pas faire partie de la commune en voie de formation… ».

Monsieur le Maire, peut-on lire dans les comptes rendus municipaux, « fervent défenseur des intérêts de Lanester » nomma un commissaire enquêteur dont la femme était la sœur d’un adjoint et qui « avait des intérêts dans le village de Peros » ; d’où, bien sûr, un soupçon de « copinage »... de la part des conseillers du bourg qui se virent reprocher d’avoir employé des termes offensants pour ce commissaire qui, bien qu’étant « le beau-frère du deuxième adjoint, n’avait aucun intérêt dans la commune de Caudan et les membres de cette commission ont agi avec impartialité et compétence qu’on ne peut leur contester puisqu’ils sont tous propriétaires importants de la commune de Caudan et ce serait leur faire injure de dire qu’ils ont agi sans réflexion... ».

Cette commission de cinq membres rejeta par trois voix contre deux la demande des habitants des villages de Saint-Nio et du Resto qui furent donc inclus dans Lanester.

Cette commission avait émis le vœu d’inclure le village de Lancevelin dans la section de Lanester, mais cette demande fut rejetée et, depuis cent ans donc, les communes de Caudan et de Lanester ont chacune leur autonomie.