L’exposition de photos anciennes de Caudan a été pour beaucoup (les anciens en particulier), sujet à questions ; entre autres cette photo de la chapelle de la « Vraie Croix » et de l’ancienne Mairie qui étaient toutes deux situées à l’emplacement actuel des habitations de Jeanne Le Costevec et de la famille Calvar, en haut de la rue du Muguet, face au puits. Rappelons ce que nous avons pu trouver dans les archives à leur sujet...
La chapelle de la « Vraie Croix » ou de la « Sainte Croix » fut construite dans les premières années du 18ème siècle et elle fut bénie en 1708. Quarante ans plus tard, elle était déjà en mauvais état et une généreuse donatrice (Mme Rio) fit un don de 360 livres pour sa restauration. Une nouvelle bénédiction eut lieu le 3 mai 1768, jour de fête de l’inventaire de la Croix.
De forme rectangulaire, elle n’offrait aucun intérêt particulier.
Rappelons brièvement l’historique de nos églises : l’actuelle fut ouverte en 1962, celle qui la précédait et qui fut dynamitée en 1944, fut ouverte en 1822. Avant cette dernière, l’église paroissiale, sans doute bien endommagée sous la révolution, fut détruite en 1806, sous le prétexte qu’elle était un danger pour la population. Depuis 1794 elle était fermée, pendant 28 années donc la Paroisse se retrouva sans église et c’est dans la chapelle de la « Vraie Croix » qu’on célébra les offices.
Elle s’avéra trop petite car, note le recteur, « elle ne contient que le quart du peuple qui assiste au service divin ». En plus, elle avait la réputation d’être malsaine du fait de sa grande humidité ambiante, « le pain consacré ne peut être conservé ; les ornements et les livres destinés au culte se perdent en peu de temps ». Le conseil municipal, en sa séance du 10 août 1806 renchérit car dit-il « les trois quarts (ceux qui ne peuvent se mettre à l’abri) fondent sous l’ardeur du soleil pendant l’office divin et l’hiver crèvent de froid. La grande mortalité que nous avons connue depuis plusieurs années ne provient que parce que le peuple n’a pas un local assez grand pour contenir les fidèles !... ».
1905 : séparation de l’Église et de l’État, la chapelle devenait propriété communale. En mars 1906, lors des fameux inventaires avec l’Église, elle fut le théâtre de grands rassemblements de fidèles entourés du clergé et des conseillers du nord pour en empêcher l’entrée aux forces de police et aux fonctionnaires chargés de cette mission ; ils venaient de Lanester mais voyant cette foule à l’entrée du bourg, ils n’insistèrent pas et rebroussèrent chemin. Ils firent prévenir le Maire M. Graindorge, « l’homme de toutes les faiblesses et de toutes les complaisances » note le recteur, que les inventaires étaient remis à une date ultérieure.
La chapelle n’était pas entretenue depuis longtemps (le conseil de Fabrique se doutant qu’elle ne resterait plus à sa charge n’avait pas engagé de frais…). Le Conseil Municipal désigna un expert pour dresser un état des lieux qui en confirma le très mauvais état : couverture irréparable, poussée des murs, charpente affaissée. La chapelle était devenue un danger pour la sécurité publique.
La reconstruction coûterait 4400 francs, aussi en la séance du 22 février 1908 Monsieur le Maire invita son conseil à délibérer et mit aux voix les trois questions suivantes :
- Reconnaissez vous que la chapelle est ou sera sous peu un danger pour la sécurité publique ? OUI moins deux voix.
- Doit-on la réparer et par suite imposer les contribuables ? NON moins deux voix.
- Doit-on procéder à sa démolition ? OUI moins trois voix.
Et en ce jour du 22 février 1908 fut signé « l’arrêt de mort » de la chapelle !... nous étions à un an de la séparation de Caudan et Lanester ; il fallait prendre cette décision avant... (à suivre)…