Il y a un siècle, en 1907, les relations entre le recteur (Mr Le Garrec) et le conseil municipal n’étaient pas au « beau fixe »… Pour plusieurs raisons : le côté caractériel de certains, et les événements récents dus à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, entre autres la question du presbytère : devenu propriété de la commune, le recteur en devenait locataire. Chacun s’y accommodait sans trop de bruits… mais pas pour longtemps !...
Il nous a paru intéressant de rappeler les différents courriers, échanges, réponses, interprétations des deux parties à ce sujet ; exercice toujours riche d’enseignements !
Le 16 mars 1907, le Conseil municipal décide d’inscrire à l’ordre du jour la question de la location du presbytère. Après diverses discussions, le conseil décide de demander au curé s’il consent à louer le presbytère et ses dépendances et, comme il est nécessaire d’en fixer le prix, Mr Puzol (conseiller de Lanester) propose le prix de 1200 francs /an ; cette proposition obtient 6 voix.
Une nouvelle proposition de Mr Penhouet proposant 800 francs n’obtient que 2 voix ; en présence des deux votes précédents, Mrs Le Garff et Hurvois (Lanester) se basant sur la valeur locative de l’habitation, proposent le prix de 800 et 200 francs pour les dépendances. Avant le vote, Mr Puzol se retire ; par 14 voix sur 18, la proposition est adoptée.
Cette proposition sera transmise au curé qui aura 10 jours pour se prononcer ; dans le cas où il refuserait, il devra remettre les clés à l’agent qui les lui réclamera. Mr Le Déaut propose de laisser gratuitement le presbytère au curé pendant un an moyennant le paiement de la contribution «des portes et fenêtres» (ancienne taxe d’habitation) ; cette proposition est mise aux voix et rejetée par 15 voix sur 18.
Avant ce courrier, le recteur était au courant de ce qui se tramait. Certains conseillers caudanais du nord (Mrs Le Déaut, Guillerm…) étaient ses amis… et il note dans les archives :
« Etant donnée la composition du conseil municipal et étant connues les dispositions qui animent la grande majorité, il était bon de prévoir l’avenir ; le clergé n’a jamais abandonné le presbytère dont il a conservé les clefs et où il a continué à résider jusqu’à ce jour ; mais il a dû prendre des précautions et , dans la crainte d’une expulsion immédiate, transporter ailleurs une partie des meubles ; la gentilhommière de Madame Gadaud s’est ouverte pour les recevoir…» (il s’agit de Kergoff, dont Madame Gadaud fera plus tard don à la commune).
Il ne répond pas au conseil dans les 10 jours demandés, mais il note : « Le maire, toujours très faible, a écrit au recteur en le mettant dans l’alternative ou de payer 1000 francs de location ou de livrer les clés ; le recteur a répondu qu’il ne reconnaissait au conseil municipal le droit de lui imposer ces conditions… »
La situation se gâte ; Mr Le Déaut intervient et demande qu’une commission de cinq membres soit nommée pour s’entendre avec l’abbé Le Garrec et discuter du prix de la location du presbytère qui semble à ce dernier exagéré. Mr Hurvois fait observer qu’il est évident que le prix fixé par le conseil était discutable et pouvait paraître exagéré, mais encore « eut-il fallu que le curé, à qui un délai assez long a été donné pour réfléchir, répondit au Conseil municipal ; mais il est trop tard, et l’affaire doit suivre son cours… relance, nouveau refus de curé, mais « exprimé en termes corrects et courtois » ; ce dernier, malgré tout, s’empresse de louer, sans l’occuper en permanence, une maison au bourg ; (comme il n’avait plus de vicaire depuis la création des deux paroisses, la situation devenait moins onéreuse).
A la suite de ces refus, le recteur se voit assigné par ministère d’huissier à comparaître en audience de référé devant Mr Yver, président du tribunal civil de Lorient. Il sera assisté par Maître Glotin, et la mairie par Maître Latouche…
... à suivre…