Eté 1962. La construction de l’église paroissiale est terminée. Elle est donc prête à recevoir les fidèles de Caudan. C’est l’occasion pour le recteur de faire des rappels et de donner des leçons à ses paroissiens...
“ Quelle place occuper maintenant dans cette nouvelle église, vaste et spacieuse ? Il n’est pas normal ni idéal que les hommes s’y trouvent d’un côté, les femmes de l’autre, ne séparons pas ce que Dieu a uni… ”. Cette pratique a tendance à disparaître (sauf peut-être à l’occasion des messes des Anciens Combattants…).
Quelques dimanches plus tard il fait la remarque suivante : “ Aux trois derniers enterrements, pas un homme n’est sorti de l’église paroissiale pendant la cérémonie religieuse, c’est un résultat magnifique, inespéré (il faut croire que l’église provisoire leur procurait des malaises ! ) ; il faut tenir longtemps dans cette façon de faire ”.
Il est également sensible à la bonne présentation des extérieurs : “Pourquoi fouler ces petites pelouses et s’en servir comme d’un terrain de jeu jusqu’à être dans l’obligation d’y afficher des interdictions ? Les allées n’ont été prévues ni pour les autos, ni pour les bicyclettes ; si nous voulons édifier ceux qui nous observent, nous les chrétiens, donnons une grande importance à ces qualités humaines, comme la propreté, la politesse, la prévenance, qui sont à la base de toute formation chrétienne...”. Belles leçons de morale et de civisme.Restons à l’extérieur de l’église et regardons la croix (ou plutôt ce qu’il en reste) implantée côté nord, face aux escaliers de la rue de la Libération. Ce monument a son histoire que connaissent peut-être les anciens. Nous avons essayé de trouver le maximum de renseignements dans les archives municipales, mais aussi et surtout, auprès des personnes qui ont connu de près ou de loin l’histoire de cette croix.
On l’appelle la croix du Scouhel, c’est là en effet qu’elle se trouvait à l’origine, dans l’actuel carrefour de ce village (à l’entrée de la route qui va à Kerroch Bras et qui longe le pré où s’entraînent les chevaux du centre équestre de Kerfléau). Dans ce village existait autrefois un manoir (ou un château ?) ; on voit encore aujourd’hui à l’emplacement de la ferme Rouarch, sur le versant qui aboutit au Scorff, des pans de murs qui formaient un grand enclos ; ce manoir aurait eu son sanctuaire dédié à St Julien. Des bénitiers (!) ont été conservés. Cette croix pourrait avoir un lien avec ces croyances. La tradition raconte aussi que de cette ferme partait un souterrain qui passait sous le Scorff pour aboutir à un château (de Kervégant ?). Personne n’a encore retrouvé cette entrée ! … Le remembrement a beaucoup modifié le paysage de ce secteur, qui était paraît-il très joli autrefois avec des champs en terrasse, des allées de châtaigniers… Toujours est-il que cette croix implantée près de la route fut détruite durant la période juin 1944 - mai 1945, probablement par les bombardements, car ce secteur était particulièrement exposé durant la poche de Lorient, avec d’un côté la batterie de canons de Manehuellec et de l’autre les projecteurs anti-aériens de Keradelys. Les pierres constituant cette croix se trouvaient jusqu’à fin 1959, vraisemblablement disséminées dans les broussailles entourant l’ancien emplacement, qui était autrefois un lieu de rendez-vous des villageois et l’occasion pour eux d’y organiser quelques fêtes. C’est à cette époque qu’un monsieur de Lorient vint demander à Monsieur le Maire de Caudan de prendre une pierre de la croix du Scouhel.
... à suivre…