Le Père Jean-Louis nous a quittés il y a plus de trois mois, mais il n'oublie pas Caudan et nous donne régulièrement de ses nouvelles. Il a refoulé le sol de sa grande île le 19 septembre et après de nombreuses et longues tracasseries administratives, il a pu enfin récupérer la totalité de ses bagages...

Il a pris officiellement la fonction de « Directeur du district » religieux d'Ambolotara, dans la paroisse d'Antsirabé. Cette paroisse comprend sept zones, elles-mêmes constituées de districts. Celui de Jean-Louis fait partie de la zone de Betafo. Du district d'Ambolotara dépendent seize chapelles (équivalent de nos paroisses locales), disséminées sur cette région des hauts plateaux, d'une longueur de 20 kilomètres sur 15 de large.

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Actuellement, c'est la saison des grandes chaleurs (atténuées chez Jean-Louis du fait de l'altitude, 1500 mètres) et de pluies abondantes, propices aux plantations, celle du riz en particulier, principale richesse de cette région. La superficie en riz dépasse les 60 % de la superficie totale travaillée. À mesure que l'on monte en altitude, les variétés diminuent, se raréfient ; les rendements s'en ressentent et sont tributaires de la distribution de l'eau qui reste des plus anarchiques, souvent limitée et source de conflits entre hameaux et paysans voisins. Ceux-ci ont conscience de l'insuffisance des superficies réservées aux cultures sèches, celle de l'herbe pour le bétail en particulier. Ils sont obligés d'aller en chercher assez loin dans les montagnes environnantes.

En plus du riz, on plante aussi du maïs, des haricots et surtout une grande variété de pommes de terre, la patate douce. C'est le moment de récolter les fruits, pêches, abricots, litchis. Cette saison est une étape difficile pour la nombreuse population, c'est le temps de la « soudure » entre les plantations et la récolte future, période marquée par une grande insuffisance alimentaire, une malnutrition surtout chez les plus jeunes.

Un des gros problèmes de cette région est l'éloignement et la médiocrité des voies de communication. Les paysans sont tributaires des charretiers qui achètent à des prix très bas. La période de pluies actuelle n'arrange rien, rendant les routes et les pistes souvent impraticables, transformées en cours d'eau qu'il faut détourner. Le moyen de locomotion le plus pratique est la moto et Jean-Louis l'utilise régulièrement quand il ne reste pas embourbé comme il lui arrive souvent !

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Il habite un presbytère qu'il partage avec son vicaire et un frère stagiaire, sur un terrain de plus d'un hectare. Il a donc de la place pour élever dix moutons, une douzaine de volailles, cinq oies, et il a gardé un petit coin potager. Son électricité est fournie par des panneaux solaires, cette source d'énergie est insuffisante pour tous les besoins, et ne sert que pour l'éclairage (partiel) du bâtiment... (à suivre)