« Encore un prêtre selon le cœur de Dieu, actif, dévoué, infatigable », c’est ainsi que débute le parcours à Caudan de l’abbé Le Mab, en 1871. Il venait d’Ambon où il était recteur. Auparavant, il avait exercé à Saint Nolf. Ce fut un prêtre qui se fit surtout remarquer comme prédicateur à l’occasion des retraites et missions, particulièrement nombreuses durant ce 19ème siècle. L’usage était d’expliquer le décalogue (les dix commandements donnés à Moïse sur le mont Sinaï) sous forme de dialogue. Il le faisait avec « un entrain extraordinaire ». Son concours était recherché et c’était le succès assuré et « une bonne fortune » pour la paroisse qui pouvait l’avoir...

Mrg BecelÀ Caudan, l’abbé Le Mab s’est surtout occupé du « salut des âmes ». Il donna une grande mission en 1874. « Il est difficile de donner une mission à Caudan » note-t-on. Lanester et Caudan formaient encore une seule paroisse, et la majeure partie de la population se trouvait dans la partie excentrée, celle des chantiers, qui ne possédait qu’une « misérable chapelle », où des prédications furent données chaque soir, mais sans grand succès. Le recteur lutta jusqu’à la fin contre la « froideur naturelle » de cette partie de sa paroisse, sans grands résultats, car les relations n’étaient pas (et n’avaient jamais été) des plus cordiales. Au bourg, par contre, la mission fut ce « qu’est toujours une mission en milieu paysan, c'est-à-dire où tous viennent se régénérer dans la grâce de Dieu ». L’abbé Le Mab est mort relativement jeune mais « usé par les fatigues d’un ministère incessant ». Après neuf années de rectorat, il fut remplacé en 1879 par l’abbé Le Clanche, originaire de Ploemeur.

Ce dernier passait pour être « l’un des prêtres les plus distingués du diocèse de Vannes » et connut une vie sacerdotale particulièrement active ! Après de brillantes études, il fut nommé professeur à Sainte-Anne où il « passait parmi les meilleurs dans cette pléiade d’hommes distingués que l’éminent Supérieur avait su réunir autour de lui ». Comme nous l’avons déjà signalé, tous ces professeurs furent chassés par Napoléon III qui, « d’exécrable mémoire, esclave de la franc-maçonnerie attaquait déloyalement le clergé, le Pape et son pouvoir temporel ». Les professeurs blâmaient cette politique ; leur expulsion fut rapidement demandée et « l’évêque (Mgr Bécel) se fit l’exécuteur de cette œuvre basse et ignoble ». Ils furent désignés dans le ministère paroissial. L’abbé Le Clanche fut d’abord aumônier à Lorient avant d’arriver à Caudan.

Un  de ses premiers objectifs fut de construire une chapelle dans le quartier des chantiers mais il n’eut pas le temps ni les conditions idéales pour y arriver ; il fut rapidement nommé supérieur de la maison des Jésuites de Vannes, où, apparemment, il connut de sérieux ennuis car il dut se retirer avant d’exercer à Erdeven, pour revenir, peu de temps après à Lorient comme directeur d’un établissement primaire et secondaire qui allait s’appeler « l’externat Saint Louis » et plus tard « Collège Saint Louis » .

Fatigué, après cinq années de direction, l’abbé Le Clanche demanda à être remplacé et il fut nommé à Crach le 3 octobre 1891.