La période « entre deux guerres » comme on la dénomme, de 1918 à 1939, reste calme sur le plan religieux. L’abbé Le Garrec restera à Caudan durant la guerre de 14-18 secondé par l’abbé Mahéo ; il partira en 1919, remplacé par le chanoine Gouarin qui ne restera que deux années chez nous avant d’être nommé curé-doyen de Grand-Champ. L’abbé Mahéo sera nommé en 1924 recteur de Plouharnel, remplacé par l’abbé Le Bouhellec qui d’après son recteur « volait plus qu’il ne marchait pour faire son service en campagne !… »

Et c’est l’abbé Le Bayon qui fut nommé recteur de Caudan en 1921 ; il ne quittera sa paroisse que 23 ans plus tard en 1944 à l’âge de 80 ans ; fatigué, l’Évêque lui avait proposé un poste d’aumônier dans une maison de retraite de Vannes mais il ne pouvait se résigner à quitter sa paroisse où « il était aimé et respecté de tous ».

Les Allemands bombardent Caudan le 7 août 1944, la population s’enfuit.Le recteur de la paroisse voisine de N.D de Pont, l’abbé Jeffrédo ne pouvait plus « humainement parlant, laisser dans le danger un vieillard d’un si grand âge ». Les dangers étaient journaliers et durant les alertes notre recteur ne quittait pas son presbytère ; dans la nuit où l’église fut dynamitée (le 10 août 1944), il accepta malgré tout de se rendre dans l’abri près du couvent ; on lui apporta un fauteuil pour qu’il puisse se reposer quelque peu, « dans quelles transes ne serait-il pas passé au matin du 11 août s’il était demeuré dans son presbytère si proche de l’église » note un témoin…

Au lendemain de cette sinistre nuit, l’abbé Jeffrédo lui, proposa de « veiller sur ses ouailles pendant qu’il se mettrait à l’abri dans sa famille à Auray ». Il accepta cette proposition et, occasionnellement, il profita de la voiture de l’État-major de la Marine replié sur Caudan pour rentrer dans sa famille…

Durant son rectorat, nous pouvons noter quelques événements marquants de la paroisse ; en 1922, commencèrent les travaux de la nouvelle maison des Sœurs du St Esprit, avec une grosse participation des paroissiens tant dans la fourniture de matériaux que dans la main d’œuvre.

L’année 1924 fut marquée par une grande mission ; en cette époque d’après guerre, les missions furent surtout action de grâce en souvenir de l’armistice de 1918 ; à Caudan ce grand rassemblement se déroula en deux étapes, une première pour les jeunes de 7 à 13 ans ; 300 jeunes suivirent régulièrement trois journées de réflexion et de prières ; puis ce fut au tour des adultes durant deux semaines, avec un règlement interne bien précis : messe à 7 heures, instruction ; conférence en début d’après midi et sermon… 522 hommes et 710 femmes participèrent à cette mission, soit au total avec les enfants 1532 fidèles (un pointage sérieux devait être effectué !…) ; on reste rêveur devant un tel chiffre quand on sait que la population de l’époque avoisinait les 2500 habitants !…

Tous les ans des retraites étaient proposées aux jeunes garçons et filles (séparément évidemment…) ; un prédicateur en 1933 fit part au recteur de sa grande satisfaction à l’issue d’une de ces retraites en lui confiant « qu’il avait une jeunesse féminine d’une moralité au-dessus de la moyenne »… Quelques unes de nos plus anciennes lectrices se reconnaîtront peut-être ?

En 1940, note le recteur, « rien d’extraordinaire ne s’est passé dans la paroisse mais il n’en est pas de même dans le monde : des bruits de guerre se répandent partout dans le monde et ces bruits deviennent une réalité »…