« Une cloche sonne, sonne… sa voix d'écho en écho... », chantait Édith Piaf. Toutes les cloches ont une longue histoire. Celles de notre ancienne église aussi. Elles furent brisées en août 1944 lors du dynamitage de la tour, mais les morceaux essentiels purent être récupérés dans les gravats. Ils furent refondus pour donner, avec l'apport de métal supplémentaire, trois de nos cloches actuelles (les trois plus petites) en mars 1947. La quatrième, le bourdon, fut acquis et mis à sa place en octobre 1961. Le beffroi qui les supporte a été dessiné par Yves Guillou, l'architecte de l'église. D'aspect harmonieux et ajouré, il laisse entrevoir les cloches...

À elles quatre, elles représentent un poids conséquent, près de quatre tonnes. La structure qui les supporte est donc soumise à de fortes pressions, surtout quand elles sonnent à la volée. Elle doit, de ce fait, faire l'objet d'une surveillance régulière, c'est l'entreprise Bodet d'Angers qui en est chargée. Elle est intervenue dernièrement pour changer les poutres maîtresses, qui supportent l'ensemble (parties plus claires sur la photo ci-dessous), les anciennes étaient encore d'origine, cinquante-cinq années !

 

La tradition chrétienne donne aux cloches un caractère bien particulier en leur affectant un prénom avec parrain et marraine lors d'une cérémonie également appelée baptême. Tous ces noms et prénoms sont gravés dans le métal. Les nôtres n'ont pas échappé à cette tradition. Elles sont commandées électriquement depuis leur mise en service et c'est le samedi 28 octobre 1961 que l'Angélus a sonné une première fois ; « c'est la joie dans tous les cœurs, et l'ambiance de la place en est grandement influencée », note le recteur. Auparavant, dans l'ancien beffroi provisoire, elles étaient actionnées à l'aide de cordes, sur lesquelles les enfants de chœur tiraient de toutes leurs forces et de tout leur corps à l'occasion des baptêmes et mariages avec l'espoir de récolter quelques dragées ou petites pièces !

Pour l’Église les cloches ont deux fonctions : elles font entendre la voix de Dieu et la voix du peuple de Dieu : voix de Dieu, elles convoquent les fidèles pour la prière en annonçant la célébration des offices ; et, voix du peuple, elles font monter vers Dieu l'acclamation des fidèles.

Elles sont aussi un outil de communication, sa sonnerie varie suivant la nature de l'évènement religieux : sonneries joyeuses pour un baptême, un mariage, triste pour un décès en sonnant le glas, volée d'une cloche avec tintements alternés. Elles sonnent aussi l'Angélus ; théoriquement, à Caudan, sauf dérèglement du programme, cette prière est annoncée trois fois par jour : à 7h, 12h et 19h. Un Angélus se compose de trois versets suivis d'un Ave Maria, aussi la sonnerie est caractérisée par trois fois trois coups puis volée de la plus petite cloche durant une minute. Elles rythment aussi notre vie profane par la sonnerie des heures et des fractions d'heure. Elles ne sonnent pas la nuit (pour ne pas gêner les voisins !). Elles peuvent aussi être utilisées pour annoncer un décès. Cette tradition est aujourd'hui abandonnée, avec toutefois une exception locale : quand une personne voisine ou fidèle à N. D. du Nelhouët décède, la cloche de la chapelle sonne à toute volée pour annoncer la triste nouvelle.

Autrefois, le célère tocsin était sonné pour alerter la population d'un danger affectant la vie de la cité : invasion, incendie, guerre. Le tocsin se compose d'une série rapide de 90 à 120 coups/minute à l'aide d'un martelet. Le 1er août 1914, cette lugubre sonnerie a retenti à travers tout le pays pour annoncer à la population l'ordre de mobilisation générale. Le gouvernement a invité les maires de France à faire sonner le tocsin le vendredi 1er août 2014 pour célébrer le centenaire de cette mobilisation. Certaines cloches (pas celles ce Caudan !) ont sonné à la volée ce jour-là, comme pour annoncer un évènement joyeux ! Notre patrimoine sonore entre dans l'oubli...

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