La poche de LorientLa « poche de Lorient » allait durer 277 jours. La commune de Caudan y était en partie incluse. Jusqu'au mois d'août 1944 la population hésitait et ne s'était pas encore trop réfugiée dans les bourgs et villages des environs, plus en sécurité. Les bombardements et exactions commises par l'occupant durant la première quinzaine de ce mois d'août eurent raison des hésitants, « le presbytère et maisons du bourg n'existent que meurtries, incendiées, en ruine, inhabitables, la population évacue » note l'abbé Jeffredo en charge de la paroisse. Combien d'habitants restait-il à Caudan ? Très peu, guère plus qu'à Lanester où l'on n'en comptait que 185 durant cette période. La campagne aussi était déserte, surtout la partie sud de la commune ; les exploitants avaient fui (principalement à Cléguer, Plouay) amenant avec eux leur bétail... tristes images.

La « poche » était bien gardée pour éviter une sortie des troupes allemandes. Elles firent quelques tentatives, mais rapidement maîtrisées. En réalité, les deux camps étaient sur la défensive, l'armée Allemande voulant conserver sa base stratégique. La zone bordant Caudan était principalement défendue par les Américains, l'autre côté du Blavet, par les Forces Françaises de l'Intérieur. Comment dans de telles conditions vivait notre Paroisse ?

Le presbytère, déjà ancien, fut mis à mal le 10 août 1944 lors du dynamitage de l'église ; il reçut plusieurs éclats de pierre endommageant gravement le toit. L'abbé Jeffredo ne put y résider et trouva refuge à Saint-Sulan. Les religieuses de l'école Saint Joseph se dirigèrent vers le Gorvello et organisèrent l'accueil de leurs élèves (filles) à la rentrée 1944, dans un premier temps 135 fillettes de Caudan, plus tard rejointes par le cours complémentaire du Gorvello et l'ensemble de la communauté. Seules 2 sœurs, sœur Hélène, l'infirmière et sœur Léonie, restèrent sur place et trouvèrent refuge à Saint-Sulan également, où elles vécurent 7 mois...

L'abbé Clovis Le Priol (frère de Joseph du Moustoir) aujourd'hui retiré à Saint-Joachim, fut nommé en juillet 1944, vicaire instituteur directeur de l'école Sainte-Anne en remplacement de l'abbé Lallemand nommé à Pontivy. En raison de la situation, il ne put rejoindre son poste et resta chez lui, à Baud, en attendant. Le directeur diocésain de l'enseignement lui fit savoir que quelques enfants de Caudan étaient restés sur place et qu'il fallait tenter de les regrouper. L'abbé Le Priol lui proposa l'internat de l'école de La Clarté de Baud, vide mais sans équipements. La proposition fut acceptée, on récupéra des lits, des couvertures, de la vaisselle... tout le monde fit preuve de générosité, d'entraide, et le « camp scolaire de Baud » put donc s'ouvrir en décembre 1944 ; il regroupait 145 jeunes garçons de Caudan, mais aussi de Brandérion, Port-Louis. Une infirmière de Lanester, une cuisinière (Mme Le Ny du Nelhouët), des enseignants, surveillants bénévoles, tous œuvrèrent pour assurer une bonne rentrée, assurant ainsi la sécurité et la scolarité de tous ces jeunes. Ce « camp » fonctionna jusqu'aux vacances de 1945. Tous, autant les filles que les garçons, ont gardé un bon souvenir de cette période, première occasion pour la plupart de vivre en communauté.

Nous verrons dans un prochain article comment les différentes cérémonies religieuses purent être célébrées.