Moyennant un salaire (de misère dirait-on aujourd’hui), le clergé local était depuis 1870 interdit de quête sur la paroisse mais en fait, pour des raisons économiques et rendues nécessaires, elle continuait d’être pratiquée non seulement par les prêtres mais aussi par les salariés de l’Église (notamment le sacristain…).

En 1880, une majorité de conseillers municipaux « considérant que la quête annuelle faite par le desservant et ses agents salariés de l’Église de Caudan n’est plus en concordance avec les usagers et les esprits de la grande majorité et qu’elle rappelle le temps de la dîme féodale qui a tant pressurisé nos cultivateurs, émettent le vœu suivant : la quête ne devra plus être tolérée et Mr le Préfet est prié de vouloir bien prendre les mesures pour la supprimer…  ».

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Les décisions tardaient à venir et encore plus à être appliquées, ainsi huit années plus tard, un conseiller (Mr Le Ny) interpelle Mr le Maire : « En juin dernier le conseil vous avait chargé de prendre un arrêté interdisant les quêtes des salariés de l’Église , mais il paraitrait que vous n’avez pris aucune mesure à cet effet puisque ces messieurs ont quêté comme par le passé »… Monsieur le Maire répond qu’il a reçu des instructions de Monsieur le Sous-préfet et qu’il résulte de ces instructions que les quêtes ne sont pas assimilées à la mendicité et qu’il n’appartient pas au Maire de les supprimer.

Personne ne veut prendre des mesures vraiment draconiennes pour autoriser ou supprimer cette pratique qui reste malgré tout un sujet de polémique parfois violente ; ainsi le 9 octobre 1892, un conseiller (Mr Guéguen) sous un air un peu provocateur fait connaître qu’il désirerait tout simplement savoir comment se sont déroulées les récentes quêtes dans la commune (comme s’il ne le savait pas !).

Mr le Maire fait remarquer qu’en délibération antérieure le conseil avait déjà essayé de faire supprimer ces quêtes et que néanmoins un de ces conseillers (Mr Bissonnet) avait accompagné un vicaire pendant qu’il faisait sa quête dans le quartier de Kerantrech (un comble !…).

Mr Bissonnet répond qu’il ne pouvait pas être l’ennemi des prêtres car il avait des enfants à instruire et que leur ministère lui aurait été nécessaire notamment pour faire leur communion, et qu’en outre le vicaire qu’il a accompagné se plaignait d’être dans la plus grande gêne... (on l’imagine aisément ! ).

Réponse acerbe de Mr le Maire : « On peut ne pas être l’ennemi des prêtres mais cela n’oblige pas d’aller quêter pour eux et la quête des incendies de Languidic (en 1892) que vous vouliez empêcher était bien plus utile à mon sens que celle des curés »…

Un autre conseiller (Mr Morgan) rajoute une couche en faisant observer qu’un membre d’un Conseil Municipal républicain se déshonorerait en accompagnant un curé dans une quête !…

Après quelques discussions, le conseil vota un blâme à Mr Bissonnet… On serait tenté (à tort peut-être) de faire un rapprochement entre ce Mr Bissonnet, apparemment proche du clergé, et l’abbé Stanislas Bissonnet, recteur de Caudan de 1894 à 1899. A l’époque (en 1892), il était vicaire à Plouharnel.