L’année 1908 était l’année officielle des élections municipales en France ; ces élections eurent lieu en mai et un conseil commun aux deux communes de Caudan et de Lanester fut élu ; il comprenait 23 conseillers qui élirent M. Mouëlo au poste de Maire, M. Caro 1er adjoint, M. Boulbard 2ème adjoint et M. Gallic adjoint détaché sur Lanester (remplacé en novembre pour cause de santé par M. Kersauze). Ce conseil avait une majorité de gauche...

 

Le clergé local suivait de très près toutes les élections et n’hésitait pas à afficher et à promouvoir ses préférences : il le faisait savoir publiquement : « Ces dernières élections ont été très mauvaises, religieusement parlant, pour la partie paysanne de la Commune (Caudan actuel), ce conseil est composé de radicaux sectaires, de quelques socialistes libéraux, de quelques paysans sournois et (quand même !...) de quelques catholiques très décidés... » (archives paroissiales).

Un an plus tard il fallut de nouveau passer aux urnes pour élire un nouveau conseil dans chacune des communes : à Lanester M. le Halpert fut le premier maire, Mrs Le Dévéhat et Le Roy adjoints. A Caudan, 16 conseillers formèrent le nouveau conseil : M. Mouëlo fut réélu maire, par 15 voix contre 1 à M. Caro qui fut élu adjoint par 15 voix contre 1 à M. Kerneur.

Sectarisme du clergé vis à vis des pouvoirs publics (et réciproquement...)

Nouvelle grosse déception et colère du recteur : « II aurait mieux fallu laisser nos adversaires se présenter tout seuls , nul ne peut se rendre compte, quand on n’est pas prêtre, du mal que peut faire une mauvaise élection à une paroisse ; même lorsque le résultat est bon, elles excitent à un degré incroyable une violente hostilité à l’égard du clergé ; toutes les élections ont tourné contre nous, la paroisse est secouée, les pratiques religieuses diminuent et le prêtre perd de son prestige à force d’être vaincu ; c’est contre le recteur que ces élections ont été faites ; il faut que les prêtres se servent de leurs lumières et de leurs pouvoirs pour aider les gens à voir clair... » Il était vraiment aigri le recteur !...

On pourrait s’étonner aujourd’hui de ce sectarisme du clergé vis à vis des pouvoirs publics (et réciproquement...) mais les événements de 1905 sont encore dans les têtes, cette séparation de l’Église et de l’État frappa un grand coup à l’hégémonie du clergé, déjà bien ébranlée par la révolution ; il fallut inventer des ressources pour vivre... ; suivant les communes, cette nouvelle situation fut plus ou moins facile à surmonter ; à Caudan, on se contenta de polémiquer et la location du presbytère centralisa toutes les querelles ; mais on en vint parfois à l’affrontement comme par exemple à Keryado : les manifestations religieuses sur la voie publique étaient interdites ce qui n’empêcha pas le recteur de cette paroisse de braver cet interdit ; des affrontements se produisirent entre les forces de l’ordre et les participants.

Les archives paroissiales sont muettes à partir de 1912, plus un mot du recteur Le Garrec jusqu’à son départ à sa nomination comme chanoine titulaire de la cathédrale en 1919. Il sera remplacé par le chanoine Le Douarin qui restera à Caudan jusqu’en septembre 1921, lui non plus ne sera pas plus bavard.