Le 15 décembre dernier ont eu lieu en l’église St louis les obsèques de l’abbé Pierre-Jean Raoult ; depuis  quelques années il s’était retiré aux "Petites Sœurs des Pauvres". Ses premières années de sacerdoce, il les passa à Caudan, aussi nous évoquerons ce mois-ci sa mémoire, d’abord en nous référant aux archives paroissiales...

L’abbé Le Lausque, recteur, souligne : "Par décision de Mgr l’évêque de Vannes, monsieur l’abbé Barthélémy Péron, vicaire à Caudan depuis 2 ans est nommé vicaire à St Jeanne d’Arc de Lorient ; il est remplacé à Caudan par l’abbé Pierre-Jean  Raoult, jeune prêtre de l’ordination de juin et dont la famille réside à Pontivy. Ce dernier rejoint Caudan le mardi 2 novembre (1948). Espérons que son séjour sera plus long que celui de ses prédécesseurs" et, plus tard :

"Une lettre nous arrive le 7 septembre (1951) nous annonçant le changement de vicaire à Caudan : Mr l’abbé Raoult qui était à Caudan depuis 3 ans est nommé vicaire à Lochrist, paroisse ouvrière dont la mentalité n’est pas la même qu’ici...".

A l’époque il y avait suffisamment de prêtres pour qu’à Caudan on ait un recteur (l’abbé Le Lausque), un vicaire (Pierre-Jean Raoult), et un vicaire-instituteur, à l’école St Anne, (Clovis Le Priol, le frère de Joseph, du Moustoir).

Nous avons eu l’occasion en 2001 de nous entretenir avec Pierre-Jean Raoult et il nous a livré quelques uns des meilleurs souvenirs de ses 3 années à Caudan : à son arrivée, le 2 novembre 1948, il n’y avait pas d’église mais une petite baraque dans le jardin du presbytère et une autre, plus spacieuse, à l’emplacement de l’ancienne, pour les offices religieux. Pas de chauffage ni d’eau courante au presbytère, "mais on y était heureux". Il aimait souvent  évoquer cette convivialité.

Pierre-Jean Raoult

Il se souvenait particulièrement de la cuisinière Jeanne-Marie, dévouée mais curieuse ; "quand quelqu’un venait me voir, disait-il, il se confessait d’abord à elle !…". Il y avait aussi le chien "fridu" qui accompagnait tous les enterrements au cimetière jusqu’à l’annonce faite à la famille et aux porteurs de se réunir dans un café du bourg…

Pierre-Jean s’occupait surtout des jeunes : la "garde du menhir" existait déjà depuis trois ans et avait pour terrain de foot  un champ appartenant à la famille Bouric, face à l’école Sainte Anne. Il organisait des sorties, souvent en vélo, dont une mémorable jusqu’à Lisieux : quinze jeunes en pédalant et lui en side-car avec l’intendance !… Il avait en effet acheté cet engin jusque là utilisé par la DCN, auprès du service des "Domaines".Ce side-car de marque tchèque avait appartenu à la Feld-gendarmerie (7cv, 8 litres aux 100…). Il pétaradait tellement que quand il se trouvait à hauteur de Restendrézen, le chien "fridu" sortait du presbytère et se mettait en position d’attente... Il s’en servait pour transporter du matériel mais aussi des personnes ; Pierre-Jean ne passait pas inaperçu et il n’était pas nécessaire de voir sa soutane pour le reconnaître !

Il fut le premier à faire du cinéma à Caudan, dans la baraque qui avait servi de chapelle provisoire après la guerre ; il disposait de deux opérateurs qualifiés  et compétents (Jo et Paul Calvar) et même d’une vendeuse de bonbons à l’entracte (Agnès Bouric)… inutile de préciser que ces séances étaient fort appréciées !

Après ces trois années de sacerdoce à Caudan Pierre-Jean fut désigné pour Lochrist et dans sa nouvelle paroisse, c’est tout naturellement qu’il s’occupa des "tricolores", fameux patronage bien connu…

Il resta 10 ans à Lochrist ; puis ce fut Vannes, à la direction diocésaine des œuvres en tant que "patron" des 165 "clubs patro" du Morbihan, et c’est le retour à Lorient en 1970 où il est nommé directeur du CEP (Cercle d'Education Physique) aux nombreuses activités : sportives (foot, basket…) culturelles, handisport. Il remplaçait dans ces fonctions l’abbé Laudrin élu député. Il occupa ce poste 25ans.

Et c’est ainsi qu’en 1995 il termina son sacerdoce "actif" pour tenir un "poste doux" dans les paroisses de St Louis et du Moustoir ; sa santé se détériorant,  il ne sortait plus et il nous a quitté  ces premiers jours de décembre dernier.

C’est une occasion de faire mémoire des recteurs et vicaires depuis cette époque ; comme recteurs après l’abbé Le Lausque, remplirent ces fonctions les abbés Lancelot, Louis Corvec, Jean Hazevis et aujourd’hui Jo Postic. Les vicaires furent plus nombreux : après l’abbé Raoult se succédèrent les abbés Le Moguédec, Picot (instituteur), Dugor, Le Livec, Guillaume, Le Digol, Tristant, Cadudal, Penhouët et le dernier (en 1996) Gilbert Le Goff.