La presse, les cérémonies, nous ont, à l'occasion du 60ème anniversaire des 8 et 10 mai 1945 longuement rappelé cet évènement. Caudan a sa place dans ce début d'ère de paix ; la reddition de la poche de Lorient dans la prairie longeant la route du Poteau Rouge est bien connue, mais peut-être certaines anecdotes s'y rapportant le sont moins ; nous en avons relevé quelques unes grâce notamment à Mr Le Ravallec, toujours passionné d'histoire locale...

Réconciliation entre soldats

Peu de Caudanais assistèrent à l'évènement ; beaucoup s'étaient réfugiés dans des zones plus sûres. Mrs François Bouric (père de Jean) et Jean-Louis le Cren de Kergoal étaient présents ; leurs familles étaient réfugiées mais il fallait venir soigner les bêtes... Avec quelques autres (une vingtaine), ils furent témoins de la cérémonie, du bord de la route, car il leur fut strictement interdit de pénétrer dans la prairie ; vers 16 heures , ils virent arriver une voiture allemande occupée par 4 personnes ; "un grand et costaud personnage à la figure toute rouge et au regard mauvais en sortit le premier", tout près du groupe français qui, durant toute la cérémonie, et c'est tout en son honneur, ne manifesta aucun signe d'hostilité envers l'occupant.

A l'issue de la cérémonie, le général allemand et sa suite furent embarqués dans une voiture américaine ; quant à la voiture allemande, elle ne voulut plus démarrer (volontairement ?) ; elle fut laissée quelques jours sous les châtaigniers et prise en charge par les Américains (ou par un bricoleur du coin ? ...). Le pistolet que remit le Général allemand Fahrenbacher au Général américain Kramer se trouve aujourd'hui au musée des Fusiliers-marins de Lorient ; sous le pistolet figure cette inscription :

"Ce pistolet est l'arme du Général allemand Fahrenbacher, que celui-ci remit au Général américain Kramer en signe symbolique de sa reddition le 10/8/1945 à 16 heures à Caudan. Ce pistolet fut ensuite donné au Capitaine de Frégate Charrier nouveau Commandant de la Marine à Lorient qui à son tour le donna en souvenir à l'Officier des Équipages Le Gall, chef de la section d'honneur".

C'est le fils de cet Officier qui plus tard en fit don au musée.

Mr Caron, Officier de Marine américain assistait à la cérémonie ; il s'est marié à une Française et vit toujours à Urrugne, près d'Hendaye ; il est âgé de 85 ans et a souvent eu l'occasion de venir à Caudan.

60 ans ont passé. Dans toute guerre, il faut un vainqueur et un vaincu ; la reddition allemande qui s'est déroulée chez nous fut pour ainsi dire, le premier maillon d'une chaîne de paix qui n'a, depuis, cessé de grandir ; la concorde a remplacé la division. Prêtons attention au petit dessin ci-dessus : c'est une autre "reddition"... moins officielle, mais bien significative, le soldat de gauche avec sa petite moustache nous rappelant quelqu'un de tristement célèbre... Depuis 60 ans les différents chefs d'états Français et Allemands ont entamé et entretenu des relations réciproques et scellé cette amitié qui aujourd'hui règne entre nos deux peuples.

Stèles portant les écussons de Caudan et de Preist

Autre exemple de cette entente, les comités de jumelage ; la ville de Caudan s'est jumelée avec celle de Preist le 23 mai 1993 ; depuis, de nombreux échanges se sont déroulés entre les deux cités : culturels, touristiques, musicaux, sportifs (avec les jeunes footballeurs de Caudan-Sports en 1996 et le raid cyclotouriste de 960 Kms réalisé par les 4 cyclo-randonneurs en 4 jours...) ; autant d'échanges qui ont été source de forts liens amicaux ; autre preuve de cette amitié franco­-allemande , le séjour tout récent en familles caudanaises de 18 collégiens de Ludwigshafen.

La photo ci-contre représente les deux stèles sur lesquelles sont scellés les écussons respectifs de Caudan et de Preist ; près d'elles se trouvent les maires des deux villes ; ces stèles ont été posées dès le début du jumelage à l'entrée de la ville allemande.

Puisse cette ère de paix se trouver confortée pour longtemps ! ...