Si “l’hospice de Kergoff” fut ouvert au printemps 1962, il ne fut inauguré que le 14 septembre 1964. Cette journée fut une journée ministérielle importante pour la région lorientaise au cours de laquelle Mr Marcellin, ministre de la santé publique et de la population (ainsi dénommé à l’époque), inaugura, lors de sa dernière étape, la maison de retraite après avoir inauguré la gendarmerie de Pont-Scorff. La presse du lendemain en fait largement état... (OF du 15/09/64 cf. photo ci dessous).

Inauguration de l'hospice de Kergoff le 14 septembre 1964Monsieur Gaudin, maire, avait d’abord reçu le ministre à la mairie et, après la visite de l’hospice, il lui en rappela brièvement l’historique. Mr le Maire souligna les efforts de la municipalité et déclara que “ces efforts ne seraient récompensés que s’ils pouvaient être jugés utiles”.

“Comment ne le seraient-ils pas ?” répondit le ministre en adressant ses félicitations à tous ceux qui avaient œuvré pour cette belle réalisation. Un verre de l’amitié partagé avec tout le personnel clôtura cette sympathique cérémonie.

Des travaux d’aménagement furent par la suite réalisés (1987) ; le plus important fut la création d’un bâtiment supplémentaire pour en faire un secteur médicalisé dans le but de supprimer les dortoirs et chambres communes ; pour le réaliser, il fallu diminuer l’espace chapelle qui auparavant occupait l’arrière de l’aile droite de l’établissement.

Ce qui nous amène tout naturellement à évoquer le souvenir des aumôniers qui y ont exercé. Durant les quatre premières années, ce poste ne fut pas pourvu ; ce n’est qu’en 1966 que le premier fut désigné, il s’agissait de l’abbé Pierre Thomas. Il venait de la paroisse de Baud où il était curé doyen ;  son passage dans cette paroisse fut surtout marqué par son désir d’union de ses paroissiens de toutes origines, opinions et activités, à commencer dans le domaine sportif. De santé fragile, il ne voulait pas trop consulter et un jour, au cours d’une promenade dans le bois, il eut un malaise cardiaque qui lui fut fatal, il mourut subitement ; un résident le découvrit et courut prévenir la direction. Il fallait le ramener à la maison et la 2CV fut encore bien pratique en cette occasion, avec Sœur Geneviève aux commandes, triste corvée funéraire… la 2CV est bien petite pour ce genre d’exercice et il fallut laisser les portes arrières ouvertes…

La maison de retraite ne possédait pas de chambre mortuaire ; les résidents décédaient la plupart du temps à l’hôpital, mais il arrivait à certaines personnes de le faire subitement dans l’établissement ; si la famille ne réclamait pas le corps, le défunt restait dans la chambre qu’il occupait ; si c’était en chambre commune ou en dortoir, on dressait un coin de la lingerie pour servir de chambre mortuaire.

Le chanoine Collet succède à l’abbé Pierre Thomas. Il venait de Plouay où il était curé doyen ; c’était un personnage haut en couleurs, il se liait facilement à la population et sa participation à la vie paroissiale lui convenait parfaitement. Tous les dimanches, il célébrait à la messe de 10h30 et assurait des remplacements. C’était un grand érudit, surtout en langue bretonne qu’il maîtrisait et pratiquait parfaitement ; c’était aussi un grand amoureux de la nature ; à Kergoff il était servi… Il aimait faire des plantations de toutes sortes et le parc actuel lui doit beaucoup, il aimait aussi greffer des fruitiers. Il fit de l’espace où est implanté l’IME un excellent potager et un verger très fourni en fruits succulents (on peut l’affirmer pour les avoir goûtés…) ; les cuisinières, Mlles Ezanno et Carré, en faisaient bon usage et confectionnaient les meilleures tartes aux pommes de la région !

L’abbé Collet souffrant d’absence de mémoire se retira dans sa famille où il décéda en 1973. L’abbé Guyodo lui succéda…