« À quelque chose malheur est bon » nous dit le proverbe. Revenons brièvement à notre histoire locale : En août 1944, à l'arrivée des premiers Américains à Caudan, l'occupant allemand panique et commet de nombreuses et violentes exactions ; entre autres, il dynamite l'église paroissiale dont il ne restera que des ruines. À la libération, en mai 1945, la France commence à rebâtir grâce aux « dommages de guerre » du Ministère de la Reconstruction. C'est ainsi qu'une nouvelle église fut construite à l'emplacement de l'ancienne, à Caudan. Sa consécration eut lieu le 12 avril 1962...

Chose rare, exceptionnelle aujourd'hui, déduction faite des dépenses afférentes à cette construction, un bilan financier laissa paraître un solde positif de 96 897 F. Qu'en faire ? L'église possédait une tribune mais il n’était pas prévu d'y installer d'orgue. Grâce à la persuasion et à l'obstination d'un vicaire (l’abbé Louis Guillaume), un projet d'acquisition de cet instrument vit le jour. Plusieurs devis en date de 1964 l'attestent. Finalement, un marché de gré à gré fut approuvé par l'administration le 23 février 1965. Il attribuait le chantier au facteur d'orgue Georges Schwenkedel de Strasbourg, qui s'engageait à livrer et monter un instrument neuf en tribune avec console séparée pour une somme de 53 200 F. Ce fournisseur avait un carnet de commandes bien chargé avec, entre autres dans le secteur, les églises St Pie X à Vannes, Saint-Pierre-Quiberon, l'île d'Arz, ce qui pourrait expliquer les retards de livraison. Un courrier municipal en date du 15 juillet 1968 (trois années quand même depuis la décision), signé du maire de l'époque M. Jean Gaudin, réclame instamment la livraison de l'orgue en faisant état du préjudice et du mécontentement de la population. De plus, les revalorisations furent fréquentes et l'enveloppe des « dommages de guerre » n'était pas extensible !

L'orgue arriva enfin en gare de Lorient le jeudi 3 octobre 1968 et son montage commença dès le lendemain. Le concert inaugural eut lieu le 22 décembre de la même année et c'est M. Félix Moreau, titulaire honoraire de la Cathédrale de Nantes, qui tenait les orgues. On imagine que la messe de minuit qui suivit revêtit un cachet particulier…

Le prix de revient total se chiffra à 60 673 F. Il restait encore de l'argent dans l'enveloppe financière ! Et c'est ainsi que put être installé le chauffage infrarouge de l'église, alimenté au butane dans un premier temps puis au gaz de ville par la suite. Un reliquat de dépenses de 3 064 F apparut et fut pris en charge par la paroisse.

Durant l'été 1983, un acte de vandalisme fit disparaître 46 tuyaux. Une plainte fut déposée mais l'enquête n'aboutit pas. La manufacture Sévère qui s'occupait de la maintenance les remplaça pour un montant de 19 925 F.

En 1997, un relevage complet de l'instrument s'avéra nécessaire ; visites, expertises, devis furent effectués à l'initiative de M. Jean-Yves Le Juge, professeur de musique et organiste qui assura le conseil et le suivi technique de toutes les opérations. La municipalité approuva le projet du facteur d'orgue Claude Thibaud de Nantes le 29 décembre 1999 et le chantier put démarrer le 6 novembre 2000.

La réception finale des travaux eut lieu le 14 mars 2001, la bénédiction de l'orgue le samedi suivant, le 17 mars.

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